Situation de Liberté d’Expression en Afrique de l’Ouest: Assauts, détentions Obscurcissent le Mois de Mars 2019

Cinq journalistes et deux blogueurs ont été arrêtés à la suite de cinq incidents au cours du mois de mars 2019 qui a également enregistré quatre journalistes agressés lors de deux incidents distincts en Afrique de l’Ouest.

Le mois a commencé sur une triste note pour Obinna Don Norman, propriétaire et rédacteur en chef de The Realm News. Obinna a été arrêté et détenu par la police le premier jour du mois alors qu’il participait à un programme politique en direct sur Flo FM, basé à Umahia, la capitale de l’État d’Abia au Nigéria. Le journaliste est depuis incarcéré à la prison Afara Ibeku à Umuahia. Il est accusé de cyber harcèlement et de d’harcèlement du sénateur de l’État d’Abia, Theodore Orji, le 21 février 2018.

Dans le deuxième incident de détention, deux bloggeurs populaires ont été placés en détention en Mauritanie pour avoir  publié de fausses informations sur le gouvernement. Abderrahmane Weddady et Sheikh Ould Jiddou ont été convoqués pour la première fois par le procureur général le 22 Mars pour avoir écrit sur Facebook qu’un prétendu compte bancaire secret serait détenu par des proches membres de famille du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. Ils ont été interrogés et placés en détention par un juge d’instruction. Trois jours après le début de leur détention, la police a perquisitionné le domicile de Weddady et a emporté son ordinateur. Le 27 mars, les blogueurs ont été transférés à la prison centrale de Nouakchott

Toujours en Mauritanie, la police a brièvement détenu deux journalistes et supprimé des enregistrements de leur caméra le 26 Mars. Bilal Camara et Mohamed Lemine Ould Isselmou couvraient devant le palais présidentiel à Nouakchott une manifestation organisée par des mères d’orphelins protestant contre la fermeture d’un établissement d’une ONG s’occupant d’orphelins.

Il y a eu un autre cas de détention le 26 mars, cette fois en Guinée, où la police a arrêté Lansana Camara, rédacteur en chef adjoint du site d’information Conakrylive.info, suite à un reportage d’enquête sur la commande de carburant au ministère des affaires étrangères. Il a été détenu à la prison centrale de Conakry pendant huit jours à la suite d’une plainte en diffamation déposée par le ministre de tutelle.

En ce qui concerne le cinquième cas d’arrestation et de détention, quatre hommes armés soupçonnés d’être des agents du service de sécurité de l’État (SSS) ont arrêté Jones Abiri, éditeur du journal Weekly Source, le 30 mars. M. Abiri était en compagnie de ses collègues dans les locaux de son journal à Yenogoa, dans l’État de Bayelsa, lorsqu’il a été arrêté sous la menace d’un pistolet et emmené dans un véhicule.

Dans le seul incident de menace enregistré au cours du mois, le journaliste Manasseh Azure Awuni du Multimédia Group basé à Accra, a commencé à recevoir des menaces terrifiantes de la part d’inconnus après avoir réalisé un documentaire d’enquête politiquement sensible sur un groupe d’autodéfense qui serait lié au New Patriotic Party (NPP), le parti au pouvoir. Le documentaire a été diffusé le 7 mars.

Il y eut également des agressions contre des journalistes et des organes de médias au cours du mois en revue.

Le 2 mars, un groupe de policiers mauritaniens a agressé sans raison un journaliste, Mohamed Mahmoud Ould Khouye. Le journaliste rentrait chez lui après son travail lorsqu’il a été abordé par une équipe de patrouilles de police. Bien qu’il ait répondu à leurs questions et se soit identifié comme journaliste, Ould Khouye a été emmené au poste de police de Nouakchott et fut agressé.

Les incidents d’attaques physiques ont continué, cette fois-ci contre un organe des médias. Le 5 Mars, des assaillants inconnus ont attaqué Joy FM, une station de radio basée à Monrovia. Les assaillants ont perturbé la transmission de la station en coupant les câbles reliant l’antenne à l’émetteur.

Au Togo, le 25 mars, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), autorité de régulation des médias, a révoqué le récépissé de Bonero Lawson-Betum, propriétaire et rédacteur en chef du journal La Nouvelle, pour ce qu’elle décrit comme un  «refus délibéré de respecter les principes fondamentaux du journalisme».

Le 14 mars, un groupe d’officiers de police a brutalisé Malik Sulemana et Raissa Sambou, tous deux reporteurs, et Salifu Abdul Rahman, rédacteur en chef adjoint du journal d’Etat, le Ghanaian Times. Les trois hommes étaient sur le point de réaliser un reportage à Accra lorsqu’un incident de la route a donné lieu à une dispute entre eux et la police.

Le 15 Mars, une station de radio a été attaquée de nouveau par un pasteur, le révérend Owusu Bempah, qui a pris d’assaut les locaux de la Radio XYZ, basée à Accra, accompagné de quatre voyous. Les envahisseurs ont déclaré qu’ils recherchaient l’un des présentateurs de la chaîne, Mugabe Maase, qui, selon le pasteur, aurait fait des remarques désobligeantes à son sujet dans son émission.

En dépit du tableau lugubre établi par  les violations susmentionnées, le Ghana a apporté une consolation et s’est racheté de la dégradation des trois violations que le pays a enregistrées; le parlement du Ghana a finalement adopté le projet de loi sur le droit à l’information qui y était introduit depuis dix ans. La loi a été adoptée le 26 mars 2019, presque 20 ans après la première rédaction du projet de loi. Le projet de loi est censé promouvoir la reddition des comptes et renforcer la lutte contre la corruption en facilitant l’accès à l’information publique, conformément à l’article 21 (1) (f) de la Constitution qui garantit le droit à l’information.

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