La Répression Sanglante de la Guinée Ternit le Paysage Ouest Africain de la Liberté d’Expression en Octobre 2019

 

La Guinée a fait la une des journaux en octobre 2019 pour de mauvaises raisons, avec la reprise des protestations contre la tentative du président Alpha Conde de briguer un troisième mandat et la répression typiquement brutale, qui a fait au moins neuf morts.

Le 14 Octobre 2019, au moins neuf manifestants ont été tués et plusieurs autres blessés à la suite d’une répression brutale par les forces de sécurité en Guinée contre des citoyens manifestant contre une éventuelle tentative de troisième mandxat du président Alpha Conde.

« Au total, neuf morts, dont huit dans notre capitale, ont été enregistrés, ainsi que plusieurs blessés « , a admis Bourema Conde, Ministre d’Administration du Territoire.

L’organisation de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, a cependant compté dix morts, ajoutant que 70 personnes ont été blessées par balle et que des dizaines d’autres ont été arrêtées.

Avant la répression meurtrière, les autorités ont arrêté six membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition anti-troisième mandat, le 12 octobre 2019, alors qu’ils se préparaient à donner une conférence de presse. Parmi les dirigeants arrêtés figuraient Abdourahamane Sanoh, ancien ministre d’Etat et coordinateur national du FNDC, Abdoulaye Oumou Sowh, secrétaire général de l’Association des blogueurs de Guinée (ABLOGUI), Sekou Koundon, administrateur du Balai Citoyen et Ibrahima Diallo, coordinateur des Tournons la Page, deux mouvements sociaux pro-démocratie.

Le 13 Octobre, sept autres personnes, dont Badara Koné, secrétaire générale de la jeunesse de l’Union des Forces Républicaines (UFR), organisation membre de la FNDC, ont également été arrêtées dans la banlieue de Conakry, Matam. Ils ont été détenus au Département des enquêtes criminelles de la police de Kenien (Conakry).

Entre-temps, un tribunal de Conakry, le 22 octobre, a condamné cinq des dirigeants des FNDC arrêtés à des peines allant de six mois à un an de prison pour avoir organisé des manifestations interdites et incité à la désobéissance civile.  L’ancien ministre d’État, Abdourahmane Sanoh, a été condamné à un an de prison et quatre autres à six mois de prison chacun.

Le 9 Octobre, la police ghanéenne a tiré des balles en caoutchouc et utilisé des canons à eau pour disperser une marche de protestation des étudiants en droit qui réclamaient des réformes du système d’études en droit du Ghana. Au moins neuf manifestants ont été arrêtés. Trois membres du groupe de pression, Economic Fighters’ League, se sont joints à la protestation des étudiants en droit en guise de solidarité. L’intervention de la police a été condamnée dans tout le pays comme excessive.

Au Libéria, le 10 Octobre, des policiers ont percé les portes de Roots FM et ont pris d’assaut les locaux pour débrancher les fils électriques du bâtiment, fermant ainsi la station. L’action a perturbé le programme populaire, mais très critique, « Costa Show », qui était en cours de diffusion. Des images vidéo de l’incident ont montré t les policiers, accompagnés de shérifs , emportant avec eux deux téléviseurs, des ordinateurs de bureau et plusieurs documents de la station de radio.

Le 24 octobre, des policiers de Kaduna, dans l’État de Kwara, ont arrêté Adebowale Adekoya, le webmaster de NewsDigest, un média en ligne basé à Abuja.

Le 29 Octobre, des policiers en civil de l’État de Kwara ont également pris d’assaut la résidence de Gidado Yushau, rédacteur en chef de NewsDigest à Abuja, et l’ont arrêté. Il a été envoyé au poste de police du district de Wuye à Abuja, où son collègue, Adekoya, avait déjà passé cinq jours. L’arrestation serait liée à un article d’enquête publié le 19 Mai 2018 au sujet d’une usine à Kaduna appartenant à un ancien gouverneur de la Banque centrale.

Par ailleurs, Abiri Jones, le rédacteur en chef du journal Weekly Source au Nigeria, a été libéré sous caution le 25 Octobre après avoir réussi à obtenir la caution de 100 millions de nairas (280 000 USD) demandée par la Cour. Il a passé sept mois en détention, ayant été arrêté dans les bureaux de son journal le 30 Mars.  Auparavant, Abiri avait été détenu pendant deux ans sans procès pour des accusations non prouvées de terrorisme, de sabotage économique et de fraude.

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) en collaboration avec l’organisation partenaire en Guinée, l’Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGEPI), a organisé le 28 Octobre un forum pour les forces de sécurité et les médias pour promouvoir la sécurité des journalistes en Guinée. Organisé dans le cadre des activités de la MFWA pour marquer la Journée international de la Fin de l’impunité pour les Crimes Commis contre les Journalistes, qui est observée dans le monde entier le 2 Novembre, le forum s’est terminé par la mise en place d’un Comité national sur la protection des journalistes.

Le 16 Octobre, le Président du Togo, Faure Essozimna Gnassingbé, a accordé la grâce présidentielle à Foly Satchivi, militant des droits humains. Le leader du groupe de pression En Aucun Cas fut arrêté le 22 Août 2018 alors qu’il se préparait à tenir une conférence de presse annoncée. Il fut ensuite condamné à deux ans de prison pour « actes de rébellion et incitation », en référence à son militantisme et sa campagne pour les réformes politiques au Togo.

 

 

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