Ghana : L’ordre de censure du Conseil traditionnel de Kumasi est indéfendable

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est profondément préoccupée par l’injonction du Conseil traditionnel de Kumasi, dans la région d’Ashanti au Ghana, à la direction de Oyerepa FM et TV de suspendre ses activités à partir du vendredi 26 août 2022, et demande humblement aux chefs de bien vouloir annuler cette directive.

Le conseil traditionnel a émis cet ordre le 25 août 2022, après avoir accusé la station de servir de tribune à l’homme politique et d’affaires Akwasi Addai Odike pour dénigrer les chefs du territoire traditionnel.

Dans une interview récente sur Oyerepa FM, Akwasi Addai Odike, ancien candidat à la présidence, a accusé les chefs traditionnels de la région de faire preuve d’indifférence alors que l’exploitation minière illégale détruisait leurs terres et leurs plans d’eau.

Le Conseil traditionnel de Kumasi, qui a qualifié ces allégations d’infondées, d’irrespectueuses et de diffamatoires à l’égard de sa vénérable fonction, a banni Odike de sa juridiction le 20 août 2022.

Il a ensuite convoqué la direction d’Oyerepa FM et lui a ordonné de suspendre temporairement ses émissions pour sa complicité présumée dans l’attaque d’Odike contre son intégrité. Bien que la station ait présenté des excuses sincères, les autorités traditionnelles ont émis la directive de sa fermeture.

Bien que les modérateurs de programmes radiophoniques aient la responsabilité de désavouer les propos injurieux, abusifs et culturellement inappropriés, la MFWA apprécie la subtile discrétion dont ils doivent faire preuve pour naviguer entre le contrôle et la censure. Dans l’enregistrement audio de l’interview, le modérateur se fait entendre alors qu’il empêche Odike de continuer. Devant la persistance de ce dernier, la station a déclaré que le sujet avait été changé. Cela signifie que la station de radio a pris des mesures pour empêcher le panéliste de dire des choses que les chefs trouvaient désobligeantes.

En outre, l’exploitation minière illégale et ses effets dévastateurs sur l’environnement et sur les moyens de subsistance des agriculteurs, notamment dans la région d’Ashanti, est une préoccupation majeure du public, et nous espérons que les chefs apprécieront les efforts de la station de radio visant à mettre en exergue cette menace et à la combattre.

En honorant respectueusement l’invitation des autorités traditionnelles et en présentant des excuses sincères, la station a fait preuve de bonne foi et de respect de la tradition. Par conséquent, la MFWA demande au Conseil traditionnel de Kumasi d’annuler l’ordre donné à Oyerepa FM de cesser d’émettre, cette directive étant indéfendable en vertu des lois en vigueur au Ghana.

Cet ordre équivaut à de la censure, ce qui est catégoriquement proscrit par les lois du Ghana. La Constitution ghanéenne de 1992 garantit la liberté de la presse et interdit toute interférence de quelque acteur que ce soit dans le travail des médias. La Constitution a créé la Commission nationale des médias (NMC) pour recevoir les plaintes des entités qui se sentent offensées par les publications d’une organisation médiatique. Nous appelons donc les chefs à demander réparation auprès de la NMC s’ils persistent à vouloir sanctionner Oyerepa FM.

Les chefs peuvent également demander réparation par le biais d’une action civile en diffamation, ce que, en tant qu’organisation de défense de la liberté de la presse, nous proposons à contrecœur et comme dernier recours.

En attendant, nous condamnons l’attaque du bureau de Kwasi Addai Odike par un groupe de voyous et nous demandons instamment à la police de faire tout ce qui est en son pouvoir pour arrêter les auteurs de cette attaque.

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