L’ancien président de la Chambre des représentants traduit un journal en justice et demande 4,8 millions de dollars de dommages et intérêts

Un ancien président de la Chambre des représentants du Nigeria a intenté une action en justice pour diffamation contre WikkiTimes, réclamant l’équivalent d’environ 4,8 millions de dollars de dommages et intérêts qui viennent s’ajouter aux problèmes du journal en ligne et de son rédacteur en chef, qui ont fait l’objet d’une pléthore de menaces suite à un article d’investigation.

Dans un article publié le 28 juin par2021 sur le site d’information en ligne, un rapport fait état du supposé détournement d’une somme de 97 millions de nairas destinée à des projets scolaires dans la circonscription fédérale représentée par le plaignant, Yakubu Dogara, dans l’État de Bauchi.

Selon ledit rapport, « les entrepreneurs qui ont exécuté le projet d’écoles modèles de Dogara, d’un montant d’un milliard de Nairas, opèrent pour la plupart dans l’ombre, car il n’y a aucune trace de leurs bureaux, que ce soit à Bauchi, le siège du gouvernement, ou dans la circonscription de Dogara ».

Le 14 janvier 2022, Dogara a intenté une action en justice contre l’organe de presse, avec comme motif que l’article d’investigation « est malicieux, faux et malveillant dans tous les aspects matériels ».

Le requérant réclame 2 milliards de nairas (environ 4,815 millions de dollars) à titre de « dommages et intérêts généraux et exemplaires contre le défendeur pour diffamation » ainsi qu’un coût supplémentaire de 500 000 nairas (environ 1 200 dollars).

L’ex-président a saisi la justice après que WikkiTimes a rejeté les demandes que le requérant lui avait adressées dans une lettre. Il s’agissait pour le journal et l’auteur de formuler des excuses et retirer l’article qui a fait l’objet de la poursuit judicaire. Le journal a toutefois insisté sur le fait que son rapport était crédible.

Mais avant cette ladite lettre, il y a eu des tentatives d’intimidation en rapport avec l’article d’investigation à l’encontre de l’éditeur, Haruna Mohammed Salisu, qui a déclaré avoir été traqué et menacé par des inconnus.

L’éditeur de WikkiTimes reste cependant défiant.

« Les actions en justice, l’intimidation, le chantage, le harcèlement et toutes sortes de manigances visant à nous bâillonner ne fonctionneront pas », a déclaré l’éditeur à la MFWA lors d’une conversation téléphonique.

« Nous avons dénoncé la corruption à plusieurs reprises et nous avons touché des points sensibles, mais nos histoires sont très crédibles, sans aucune intention de faire chanter qui que ce soit, comme cela a été insinué », a ajouté Haruna Salisu.

Il s’agit du deuxième procès majeur intenté contre WikkiTimes en dix mois. Le 18 mars 2021, un groupe caritatif, Al Bashar International Foundation, basé dans l’État de Bauchi, a poursuivi WikkiTimes Media Limited et trois autres personnes, dont l’éditeur, pour diffamation.  Le journal en ligne critique avait publié des rapports alléguant qu’une clinique ophtalmologique de La Mecque, gérée par les plaignants en tant qu’organisme de bienfaisance, facturait en fait des frais commerciaux exorbitants et échappait aux taxes. Les plaignants ont demandé un total d’environ 2,8 millions de dollars US en dommages-intérêts exemplaires et généraux. La Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a pris en charge les frais de justice de l’organisation médiatique dans le cadre de son projet « Renforcer la liberté d’expression en ligne en Afrique par le suivi, la recherche et le soutien juridique », financé par la Media Legal Defence Initiative (MLDI).

La liberté de la presse est la pierre angulaire de la démocratie et une condition fondamentale pour le progrès et le développement dans toute société moderne. La MFWA dénonce donc toute tentative de dissuasion du journalisme critique et responsable par des actions en justice vexatoires et des demandes fantaisistes de sommes exorbitantes en dommages et intérêts.

Nous condamnons la traque de Haruna Salisu dans le but de l’intimider et de dissuader son organe de presse de publier des articles critiques. Nous demandons instamment à la police de prendre des mesures pour protéger l’éditeur contre tout préjudice ou harcèlement.

Share this story!

Related Stories