Togo en février: Une Personne Tuée, 2 Organes de Média Fermés, Journaliste Agressé à Deux Reprises

En l’espace de 22 jours (6-28 Février, 2017), le Togo a enregistré cinq violations des droits à la liberté d’expression et de rassemblement  –  la fermeture de deux organes de média, deux cas d’agression contre un journaliste, et le meurtre d’un manifestant.

C’était l’instance régulatrice, la Haute Autorité d’Audiovisuel et de  Communication (HAAC) qui a donné le ton aux actes des violations avec la fermeture controversée des deux organes de média, la télévision LCF et la radio City FM, toutes les deux du Groupe Sud Média. Les deux organes, qui sont actifs depuis presqu’une décennie, ont été interdits de diffuser le 6 février, 2017 sur la base d’absence de licence d’exploitation, une accusation contestée même par un membre de l’organe régulateur.

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest MFWA et son partenaire national du Togo, l’Institut des Médias pour la Démocratie et les Droits de l’Homme (IM2DH) ont publié un communiqué conjoint, appelant la HAAC à revenir sur sa décision et à prendre des mesures en vue de trouver une solution définitive à l’impasse.

Le 7 Février, 2017, le lendemain de la fermeture des organes de presse, Robert Avotor, un reporter du journal de L’Alternative a été agressé par un groupe de gendarmes alors qu’il rapportait sur une opération de déguerpissement qu’exécutaient les agents paramilitaires. Le reporter a été tabassé, arrêté, menotté et détenu pendant des heures avant être remis en liberté le même jour.

L’attaque a suscité l’indignation à travers le pays. La MFWA et son partenaire du Togo, IM2DH ont pétitionné le haut responsable de la Gendarmerie du Togo et le ministre de la défense pour qu’une enquête soit menée sur l’affaire et que les auteurs soient punis. La pétition a par ailleurs demandé qu’Avotor soit protégé contre toute agression ultérieure.

Malheureusement, le journaliste a été agressé de nouveau une douzaine de jours après son agression par les gendarmes. Cette fois-ci, il a été victime d’une attaque éclaire le 19 Février 2017 alors qu’il roulait à moto sur une rue de Lomé. Les assaillants qui étaient dans une voiture, ont poursuivi Avotor pendant quelques moments, le contraignant à rouler sur le trottoir comme mesure de précaution. Ils n’ont cessé la poursuite qu’après avoir renversé le journaliste de sa moto. Avotor s’est en sorti avec des blessures à la tête et sur ses bras.

Dans un geste modeste de consolation, le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile  a réagi en rencontrant le journaliste agressé et son directeur de rédaction pour leur faire part de sa sympathie et leur assurer que justice sera rendue.

Avant que la page de l’affaire d’Avotor ne soit tournée, les gendarmes ont tué une personne et blessé plusieurs  autres dans une répression violente d’une manifestation des chauffeurs de taxi et conducteurs de taxi moto qui protestaient contre la hausse des prix du carburant. L’incident qui s’est produit le 28 février 2017, représente une violation flagrante des droits des citoyens à se rassembler et à organiser des processions pacifiques.

Pour un pays qui a enregistré un seul incident de violation en 2016, selon les rapports trimestriels de suivi de la MFWA intitulés Freedom of Expression Monitor, les cinq violations enregistrées déjà en l’espace de 22 jours de février seulement est de mauvaise augure. La flambée des violations en début d’année est un appel au gouvernement togolais, aux organisations de la liberté d’expression et des droits de l’Homme, aux medias et aux agents de sécurité pour qu’ils fassent une analyse de ces tendances sombres  afin de prendre des mesures préventives.

 

Share this story!

Related Stories