Guinée-Bissau : Le gouvernement soupçonné d’avoir interrompu la transmission des chaînes portugaises

Plusieurs personnes ont fortement soupçonné les autorités bissau-guinéennes d’avoir interrompu le signal de transmission de deux chaînes de médias internationales le 13 juillet 2023. Cependant, il a nié toute implication dans cette interruption.

Avant la suspension de la diffusion des chaines, le gouvernement avait émis un communiqué dans lequel il réprimandait les médias pour leurs reportages prétendument partiaux et offensants envers le chef de l’État.

Les chaînes RTP África et RDP África, toutes deux appartenant et exploitées par le radiodiffuseur public portugais, Rádio e Televisão de Portugal, ont vu leurs émissions suspendues quatre jours après que le gouvernement a menacé de prendre des « mesures correctives » à leur encontre. Le gouvernement les accuse d’avoir diffusé des informations partiales afin de jeter le discrédit sur le président Umaro Sissoco Embaló et certains dirigeants du pays. Les autorités ont déclaré que les deux chaînes ont porté des « accusations éhontées ».

Le porte-parole du gouvernement, Fernando Vaz, a critiqué les médias pour leur prétendue incapacité à rendre compte de manière positive du premier sommet des chefs d’État d’Afrique de l’Ouest organisé par la Guinée-Bissau. M. Vaz a souligné que ce sommet constituait une étape importante pour le pays après un demi-siècle d’indépendance. Le porte-parole a accusé les médias de chercher à tenir la réputation du président Embaló et à dénigrer les réalisations diplomatiques de la Guinée-Bissau.

Quelques jours après la publication de ce communiqué, la diffusion des organes de presse portugais a été interrompue. Les chaînes ont publié un bref message sur leur site web, expliquant que l’interruption était due des « ordres supérieurs ».

Face à ces circonstances, plusieurs personnes ont soupçonné que le gouvernement avait orchestré l’interruption de la transmission des deux médias pour mettre ses menaces à exécution.

Toutefois, le gouvernement a nié toute responsabilité dans cette perturbation dans un communiqué publié le 15 juillet 2023. Il a affirmé que les médias publics portugais RTP África et RDP África étaient hors antenne en raison de problèmes techniques causés par de fortes pluies et des vents violents.

« La Guinée-Bissau est un État de droit démocratique, où la liberté de la presse et la liberté d’expression sont garanties. Toutes les stations de radio nationales et internationales qui n’ont pas d’accords spécifiques pour émettre sur les antennes nationales fonctionnent normalement, y compris RTP África et RDP África », a déclaré le gouvernement dans son communiqué.

Cependant, de nombreuses personnes dans le pays et la fraternité des médias doutent de la déclaration du gouvernement. Un journaliste reporter des organes de presse concernés, qui a accepté de s’entretenir avec la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) sous le couvert de l’anonymat, a réfuté l’affirmation du gouvernement selon laquelle les chaînes ont cessé d’émettre en raison de problèmes techniques causés par les fortes pluies et les vents violents.

« Futile, ce sont des mensonges sans substance aucune. Il n’y a eu aucun problème technique puisque de nombreux autres grands médias, y compris les médias d’État, ont continué à émettre », a déclaré le journaliste.

Une figure de proue de l’une des principales organisations de défense de la liberté de la presse dans le pays a également insisté sur le fait que la perturbation ne résultait pas de phénomènes naturels, mais d’un acte de sabotage. Elle n’a pas révélé les auteurs, mais a indiqué que les techniciens du site où se trouvent les antennes des médias avaient reçu l’ordre de couper les signaux.

La MFWA se félicite de la reprise des émissions des médias. Cependant, nous trouvons les circonstances entourant l’interruption assez suspectes et semblables à un acte délibéré d’intimidation.

Bien que nous reconnaissions le droit du gouvernement à protéger sa réputation contre toute attaque ou accusation injustifiée, nous pensons qu’il est important que ce droit ne soit pas exercé pour étouffer les médias.

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