La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a appris avec désarroi la révocation de l’accréditation du correspondant de Radio France Internationale (RFI) en Guinée, Mouctar Bah.
La décision a été prise par la Haute Autorité de la Communication (HAC), le 14 novembre 2018, suite à un reportage de Bah sur la récente répression des manifestations par les forces de sécurité ayant entraîné la mort de deux manifestants et d’un policier.
Selon notre correspondant en Guinée, Mouctar a été convoqué le 12 novembre à la Haute Autorité de la Communication (HAC) à la suite d’une plainte déposée contre lui par la ministre de l’Information et de la Communication, Amara Somparé. Il a été accusé d’avoir couvert de manière déséquilibrée les manifestations, notamment à propos des morts enregistrées les 7 et 8 novembre 2018.
Selon un communiqué publié par la HAC le 14 Novembre 2018, le journaliste aurait dû donner l’occasion au ministre de réagir sur les incidents et d’ajouter que l’accréditation de Bah lui a été révoquée dans le pays suite à son inhabilité de défendre son reportage.
«Aucune demande de nouvelle accréditation ne peut être examinée avant la fin du mois de Février 2019», a conclu le communiqué.
Cependant, la direction de RFI a contesté la décision et rejeté le récit de l’incident présenté par la HAC. Dans un communiqué, la direction a déclaré que Bah a recherché en vain à contacter les autorités pour recueillir leurs versions des incidents, et de préciser que leur journaliste ne manquait jamais de justifier son récit.
La MFWA juge la sanction de la HAC injustifiée et la considère plutôt comme une tentative de censure du reportage sur le nombre croissant de victimes de la récente vague de manifestations dans le pays. La décision de la HAC de ne pas considérer une nouvelle demande d’accréditation jusqu’à la fin du mois de Février constitue un déni du droit d’appel. La MFWA exhorte le HAC à se tenir aux côtés des médias plutôt que d’aider à les museler.
