La MFWA saisit la Cour suprême du Nigeria dans l’affaire de l’appel d’une victime de la peine de mort

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a déposé une requête en qualité d’amicus curiae auprès de la Cour suprême du Nigeria pour soutenir Yahaya Sharif-Aminu, un musicien qui fait appel contre sa condamnation à mort dans une affaire de blasphème.

En 2020, Sharif-Aminu, alors âgé de 22 ans, a été condamné à la peine de mort par pendaison après qu’un tribunal islamique de Kano l’a reconnu coupable de blasphème en raison d’une chanson qu’il avait composée pour exprimer ses convictions religieuses. La chanson, faisant l’éloge du fondateur de la confrérie musulmane Tijaniyya, Cheikh Ibrahim Niasse, a été qualifiée de blasphématoire par ses détracteurs, qui estimaient qu’elle plaçait cet homme religieux d’origine sénégalaise au-dessus du prophète Mahomet.

Une foule de fanatiques a pris d’assaut la maison familiale de Sharif-Aminu et l’a incendiée. Ils se sont ensuite massés devant le siège de la police islamique pour exiger l’arrestation et la poursuite du chanteur. Malheureusement, les autorités ont cédé à la frénésie et ont traduit le chanteur devant un tribunal, ce qui a conduit à sa condamnation.

Il est depuis lors dans le couloir de la mort dans l’État de Kano, dans le nord du Nigeria, et risque désormais d’être exécuté, à moins qu’un recours devant la Cour suprême du Nigeria n’aboutisse. Dans le cadre de ses efforts de plaidoyer en faveur d’une issue favorable, la MFWA et le International Senior Lawyers Project (ISLP), dirigé par Richard N. Winfield, professeur adjoint à la Columbia Law School de l’université de Columbia (États-Unis), ont présenté une requête conjointe en qualité d’amicus curiae.

L’ISLP est une organisation non gouvernementale composée de 2 000 avocats bénévoles spécialisés dans les droits de l’homme qui se consacrent bénévolement à la protection et à la défense des droits de l’homme et de l’État de droit.

Dans leur requête, les deux organisations ont rappelé à la Cour qu’« en tant que signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Charte africaine, le Nigeria est soumis à des restrictions en matière de sanctions liées à la liberté d’expression ».

« Lorsque le droit d’un individu à tenir des propos prêtant à controverse est remis en question, l’État a une responsabilité de veiller à ce que le respect et la protection des droits de cet individu soient maintenus. »

« Aucun tribunal international n’a jamais statué que l’État pouvait emprisonner un prévenu pour avoir tenu des propos prêtant à controverse. »

« Qui plus est, aucune cour internationale n’a jamais statué que l’État pouvait ôter la vie à un citoyen pour avoir tenu des propos prêtant à controverse », ont déclaré les signataires de la pétition.

Vous pouvez lire l’intégralité de la requête en anglais ici.

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