Le Conseil d’Administration de la MFWA déplore le recul démocratique et la détérioration des conditions de la liberté des médias en Afrique de l’Ouest

Le Conseil d’Administration de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a exprimé sa profonde inquiétude au sujet du recul apparent de la gouvernance démocratique et de la détérioration de la liberté des médias en Afrique de l’Ouest.

Le Conseil d’Administration a souligné, lors de sa récente réunion du 16 février 2022, que les récents coups d’État dans certains pays de la région ont des conséquences très graves sur la gouvernance démocratique ainsi que sur la promotion et la protection des droits de l’homme dans la région. Les préoccupations du Conseil d’Administration font suite aux prises de pouvoir militaires au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, ainsi qu’à la récente tentative de coup d’État en Guinée-Bissau.

L’appréhension du Conseil survient également à un moment où l’opinion publique s’inquiète davantage d’un climat croissant de répression par l’État de la liberté d’expression. En outre, on assiste à une escalade des violations des droits de la presse sous la forme d’attaques physiques contre les journalistes et les organisations de médias, ainsi qu’à l’application de lois obscures pour arrêter et traduire en justice les journalistes dans presque tous les pays de la région.

Par conséquent, le Conseil d’Administration a exhorté l’organisation intergouvernementale régionale ; la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Africaine (UA) et la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour aider à stabiliser et à promouvoir la gouvernance démocratique dans la région.

Le Conseil d’Administration a recommandé de toute urgence que les États membres de la CEDEAO déploient conjointement leurs ressources de défense pour lutter contre les terroristes et les groupes fondamentalistes dans la région du Sahel afin d’améliorer la sécurité et les conditions humanitaires dans les zones sahéliennes de la région en particulier et dans l’ensemble de la région.

Ces questions, entre autres, figurent dans une résolution en sept points adoptée par le Conseil d’Administration à l’issue de sa réunion.  Vous trouverez ci-dessous la résolution en sept points adoptée par le conseil :

 Résolution du Conseil d’Administration de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) lors de sa réunion du 16 février 2022

 Le 16 février 2022, le Conseil d’Administration de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a tenu une réunion virtuelle pour examiner le travail que l’organisation a abattu en 2021 et approuver le plan de travail de l’organisation pour 2022.

La réunion était également l’occasion de discuter d’un certain nombre de questions majeures affectant le contexte régional, notamment le recul démocratique en cascade dans la région, le déclin de la liberté de la presse et des conditions de liberté d’expression, ainsi que le contexte général de la gouvernance et des droits de l’homme dans la région.

La réunion, qui était présidée par la présidente du Conseil, Mme Sophie Ly Sow du Sénégal, a adopté et publié à l’unanimité cette résolution en sept points.

  1. Le Conseil d’Administration est profondément préoccupé par la hausse du nombre de Coup d’Etat dans la région et leurs graves implications pour la gouvernance démocratique dans la région. À la lumière de ces évènements malheureux, le Conseil exhorte la CEDEAO à prendre des mesures appropriées et immédiates afin de traiter des facteurs sous-jacents qui ont contribué aux prises de pouvoir militaires.   Le Conseil se joint également aux appels lancés aux dirigeants militaires du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso en vue d’accélérer les processus de retour à un régime démocratique dans les pays respectifs.
  2. Le Conseil constate également avec préoccupation, le niveau croissant d’insécurité et de crise humanitaire dans de nombreuses parties de la région et en particulier dans les parties sahéliennes de la région, entrainant la perte de milliers de vies et le déplacement de millions de personnes. Au regard de ces défis, le Conseil appelle pour des mesures immédiates et solides de la part de la CEDEAO pour résoudre la crise.
  3. Le Conseil estime qu’étant donné l’ampleur et la violence des activités des groupes terroristes dans la région du Sahel, en particulier et dans la région dans son ensemble, aucun pays ne peut à lui seul faire face de manière efficace à la situation. Le Conseil en appelle ainsi à la CEDEAO pour qu’elle adopte de toute urgence une résolution permettant aux États membres de rassembler leurs ressources de défense et de déployer une opération militaire multinationale (CEDEAO) contre les groupes terroristes opérant dans la région.
  4. Dans le souci de renforcer et de consolider la gouvernance démocratique dans la région, le Conseil d’Administration exhorte tous les dirigeants de la région à respecter les limites constitutionnelles des mandats et à éviter les amendements aux constitutions dans le but de se maintenir au pouvoir au-delà de deux mandats. Le Conseil exhorte en outre les dirigeants de la région à s’efforcer de promouvoir et de protéger les droits socio-économiques et politiques des citoyens, à lutter contre la corruption et à assurer une distribution juste et équitable des ressources nationales.
  5. Le conseil exprime sa tristesse quant à la détérioration de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et du rétrécissement continu de l’espace civique dans la région, qui a été exacerbée par la mise en application soudaine et généralisée de lois qui criminalisent les délits d’opinion et de presse. Compte tenu de cette évolution et de ses graves conséquences pour la gouvernance démocratique dans la région, les États de la région sont instamment invités à éviter la criminalisation de l’expression. Les États de la région sont également invités à décriminaliser les anciens textes de loi qui criminalisent les délits d’expression et de médias.
  6. Compte tenu de la détérioration de la liberté de la presse et de la liberté d’expression dans la région, le Conseil d’Administration note avec une profonde tristesse l’état extrêmement précaire des associations nationales de journalistes dans de nombreux pays de la région. Il appelle les dirigeants des diverses associations nationales de journalistes à prendre des mesures pour renforcer leurs associations respectives afin de pouvoir défendre et soutenir efficacement la liberté de la presse et la liberté d’expression dans leurs pays respectifs.
  7. Le Conseil d’Administration est en outre profondément attristé de constater qu’un nombre croissant de pays de la région, qui étaient autrefois des champions en matière de liberté des médias et de liberté d’expression, cessent de jouer leur rôle de chef de file sur ces questions. Le Conseil appelle par conséquent à la résurgence d’un leadership régional sur les questions de liberté des médias et de liberté d’expression. À cet égard, le Conseil d’Administration se félicite des récents engagements pris par un certain nombre de gouvernements dans le monde pour redynamiser les efforts sous les auspices de la Coalition Mondiale pour la Liberté des médias, afin de promouvoir la liberté des médias et la sécurité des journalistes dans le monde.

Adopté, ce mercredi 16 février 2022.

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