La Mauritanie Continue de Réprimer le Journalisme Anti-Esclavagiste et l’Activisme

Les autorités en Mauritanie ont déporté un photojournaliste franco-marocain qui menait une investigation sur l’esclavage après l’avoir gardé en détention.

Seif Kousmate a été arrêté le 20 Mars 2018 tandis qu’il s’apprêtait à traverser la frontière pour le Sénégal où il devrait prendre son vol pour le Maroc.

Le photojournaliste a été détenu à la direction de la police dans la capitale Nouakchott pendant trois jours avant d’être déporté au Maroc. Les autorités ont saisi son ordinateur et son téléphone portable et il a été soumis à d’intense interrogatoire.

Il a été interrogé sur de nombreux sujets y compris son prétendu lien avec Biram Dah Abeid; une figure d’opposition et leader du mouvement contre l’esclavage; Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste.

Malgré le fait que les équipements saisis ont été retournés, Kousmate a dit que plusieurs cartes mémoires contenant les photos qu’il a prises lors de ses enquêtes ont été confisquées.

Ce récent incident s’ajoute à plusieurs autres cas où les autorités en Mauritanie ont réprimé les activistes contre l’esclavage et les défenseurs des droits de l’homme. Malgré le fait que la Mauritanie a aboli officiellement l’esclavage en 1981 et l’a criminalisé en 2007, l’esclavage moderne est toujours pratiqué et est répandu dans le pays. En 2015, le gouvernement a voté une loi augmentant la peine de prison pour la pratique de l’esclavage. Par ailleurs, après l’Examen Périodique Universel en 2015 ; l’Etat avait accepté les recommandations à promouvoir les droits de l’homme et accroitre la sensibilisation sur l’interdiction de l’esclavage. Cependant, il y a eu très peu d’engagement concret à cet égard étant donné qu’il y a davantage de répressions des activistes anti-esclavagistes plus que la menace même de l’esclavage. En 2016, l’Etat avait emprisonné 13 activistes anti-esclavagistes sous des charges douteuses.

En Mai 2017, les autorités avaient déporté une journaliste française indépendante; Tiphaine Gosse et Marie Foray avocate des droits de l’homme en les accusant de « travailler avec une organisation non-reconnue par l’Etat » – Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste.

Trois mois plus tard, les autorités ont empêché 12 activistes contre l’esclavage d’entrer dans le pays.

La MFWA se dit consternée par l’arrestation et la déportation de Seif Kousmate et la répression sur de nombreuses autres personnes qui essaient de reporter sur l’esclavage en Mauritanie. Nous aurions espéré de la part du gouvernement Mauritanien qui dit lutter contre l’esclavage; d’accueillir les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme et de collaborer avec eux. Nous exhortons les autorités à reconsidérer l’importante contribution de ces groupes dans la lutte contre l’esclavage dans le pays.

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