Guinée : Des ondes radio brouillées et les réseaux sociaux bloqués

Au cours des deux dernières semaines, les stations de radio ont été brouillées et les médias sociaux restreints en Guinée, provoquant la colère, la frustration et des accusations de sabotage de la part des médias et des citoyens, alors que le gouvernement rejette catégoriquement toute accusations concernant ces interruptions.

WhatsApp, Facebook, Instagram et TikTok sont inaccessibles dans le pays, à moins d’utiliser un VPN, et les signaux d’un certain nombre de stations de radio ont été mis en veilleuse.

FIM FM et Djoma FM ont été brouillées le 25 novembre, tandis qu’Espace et Evasion FM ont connu des perturbations similaires le 29 novembre.

« Nous n’émettons plus depuis le 24 novembre, car notre signal a été réduit au strict minimum, et l’accès à notre transmission, qui aurait pu être possible sur des plateformes numériques, a également été bloqué en raison de la restriction actuelle de l’accès à Internet dans le pays. C’est assez frustrant parce que le gouvernement nie avoir délibérément interféré avec nos plateformes médiatiques et qu’il est incapable de fournir une raison claire et convaincante à cette perturbation », a déclaré Hadja Kadija Barry, journaliste du Groupe Frequence Médias, opérateur de FIM FM, l’une des quatre stations de radio affectées. Les autres radios sont Djoma FM, Espace FM et Evasion.

Pour sa part, Hadafo Medias, opérateur d’Espace Radio, a condamné ce qu’il a appelé la violation flagrante du droit du public à accéder à une information diversifiée et impartiale, ajoutant que les perturbations ont affecté ses partenariats et ses relations commerciales avec les annonceurs.

Les perturbations ont été condamnées par la coalition des organisations de défense des droits de l’homme en Guinée. (Ong de Défense des Droits Humains en Guinee’)

« Nos organisations expriment leur préoccupation face à la récurrence de ces pratiques qui sont contraires aux engagements internationaux de notre pays en matière de liberté de la presse et de droit des citoyens à l’accès à l’information ».

Le groupe de défense des droits de l’homme s’est dit « préoccupé par l’impact des restrictions sur les jeunes entreprises guinéennes et les autres petites et moyennes entreprises dont les activités dépendent de plus en plus de l’internet et des réseaux sociaux ».

Les perturbations d’Internet et les attaques à caractère technique contre les organisations de médias se produisent souvent à des moments critiques. Par exemple, le 1er septembre 2023, quatre jours avant le deuxième anniversaire du coup d’État qui a porté la junte actuelle au pouvoir, l’accès au site d’information Inquisiteur.net a été restreint dans le pays. Cette mesure faisait suite à la publication d’un article critique remettant en cause l’évaluation par le gouvernement de ses réalisations économiques.

En l’occurrence, beaucoup établissent un lien entre les perturbations et le limogeage et l’arrestation pour corruption du ministre de la santé publique, Mamadou Phété Diallo, qui fait l’objet de nombreux reportages, notamment sur Espace FM et Evasion, qui font croire que M. Diallo servirait de bouc émissaire pour des actes de corruption beaucoup plus étendus.

« Qu’il s’agisse d’un acte de sabotage délibéré ou d’une défaillance technique au niveau national, les autorités guinéennes ont la responsabilité, non seulement de fournir une explication convaincante aux perturbations, mais aussi d’agir rapidement pour les résoudre. Les tergiversations et le manque d’efforts pour mettre fin au brouillage des stations de radio et à la perturbation de l’internet constituent une violation flagrante du droit des Guinéens d’accéder à l’information. La situation affecte les entreprises, l’éducation et les relations sociales, et ne doit pas perdurer, ne serait-ce qu’une minute de plus ». a déclaré Muheeb Saeed, responsable de la liberté d’expression à la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest.

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