Elections au Togo, Réussite face au Test de la Protection des Journalistes, Echec sur la Protection des Droits de l’Internet

Le 22 février 2020, les Togolais se sont rendus aux urnes pour une élection présidentielle très attendue qui a finalement prolongé le mandat du président sortant Faure Gnassingbe de cinq ans. Selon les résultats de la Commission électorale indépendante (CENI), le candidat du parti de l’Union pour la République (UNIR), Faure Gnassingbé au pouvoir depuis 2005, a remporté plus de 72 % des voix valables.

Contrairement aux craintes de violence, notamment en cas de protestations contre les résultats définitifs, le scrutin et ses suites ont été largement pacifiques. La couverture médiatique sans incident de campagne électorale a été reproduite pendant et après le scrutin sans qu’aucune violation de la liberté de la presse ne soit signalée.

Cependant, lorsque les bureaux de vote fermaient et que le dépouillement commençait, plusieurs utilisateurs de réseaux sociaux ont commencé à faire face à des perturbations dans leurs connexions. Plusieurs relevés de surveillance de Netblocks, une organisation qui surveille et cartographie l’accès à Internet dans le monde entier, ont indiqué que les réseaux sociaux tels que Facebook et Messenger étaient inaccessibles dans plusieurs régions du pays à partir de 17heures GMT. Twitter et WhatsApp étaient cependant partiellement accessibles, selon les rapports des correspondants du MFWA au Togo.

Le Togo a ainsi confirmé les craintes exprimées par de nombreuses organisations, dont la MFWA à l’approche des élections, selon lesquelles l’internet pourrait être perturbé pendant les élections. Ces craintes ont été alimentées par le fait établi en août 2017, lorsque les communications téléphoniques et l’accès à Internet et aux réseaux sociaux furent interrompus pour réprimer une manifestation visant à exiger des réformes électorales. Ces craintes sont également le résultat d’une récente tendance à la coupure d’internet en période électorale en Afrique de l’Ouest ; la Mauritanie et le Bénin avaient fermé l’accès à l’internet lors de leurs élections présidentielles et législatives respectivement l’année dernière.

Les coupures d’Internet sont devenues l’outil répressif de choix des régimes autocratiques chaque fois que leur gestion est mise à l’épreuve, soit par des protestations, des critiques de masse ou des exigences de responsabilité sur les médias sociaux, soit pendant les élections.

Couper l’accès aux services de médias sociaux à un moment critique de la vie sociale et politique, en particulier pendant l’élection présidentielle, constitue une violation de la liberté d’expression des citoyens et de leur droit à l’information.  Cela est d’autant plus grave que les gens avaient besoin de se connecter, de partager des idées et de participer au processus politique, ce qu’ils font en grande partie par le biais des plateformes de médias sociaux. De telles perturbations dans des moments comme celui-ci sont susceptibles de créer des soupçons d’arrière-pensées de la part du gouvernement, créant ainsi des tensions évitables et une escalade possible de la violence.

Bien que nous nous réjouissions du fait qu’aucune attaque contre les médias n’ait été enregistrée tout au long du processus électoral, la MFWA condamne la perturbation des réseaux sociaux au Togo pendant ces élections présidentielles comme une violation des droits numériques des citoyens. Cette perturbation a également violé le droit des citoyens à l’accès à l’information et leur droit à la liberté d’expression. Nous demandons instamment au président Faure Gnassingbe d’accorder une priorité aux droits numériques et à la liberté d’expression et en général aux droits de l’homme.

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