Comment les Leaders Peuvent Agir Pour Protéger la Liberté de Parole: l’Exemple du Président du Ghana

Dans un exemple classique de la manière dont les leaders peuvent agir pour protéger la liberté d’expression, le Président du Ghana; Adddo-Dankwa Akufo-Addo a demandé à la police de libérer un activiste de l’opposition qui a été arrêté pour l’avoir diffamé.

Le 26 Septembre 2017, la police a arrêté et détenu Frank Kwaku Appiah (alias Appiah Stadium), un ardent auditeur et intervenant à la radio au nom du parti d’opposition National Democratic Congress (NDC). Il lui est reproché d’avoir prétendu que le Président est un fumeur de marijuana dans un propos largement diffusé sur les réseaux sociaux.

Le Commandant de la Police Régionale a par la suite transféré le suspect de Kumasi, la deuxième ville importante du Ghana au quartier général de la police à Accra pour des interrogatoires.

Cependant, dans un geste remarquable qui démontre comment un leader peut poser des actes pour protéger la liberte de parole, même au profit de son propre agresseur, le Président Akufo-Addo, à travers un communiqué signé par son Ministre de l’Information, Mustapha Abdul Hamid, a indiqué qu’il ne s’y intéresse pas.

‘’ Le Président a informé l’administration de la Police qu’il n’était pas intéressé par cette affaire et les a demandé d’agir en conséquence’’ a dit le communiqué daté le même jour.

Le communiqué a dit que de pareilles affirmations ont été faites par le passé par quelques journaux proches de NDC qui n’ont pu prouver la véracité de leurs allégations lorsqu’ils ont été convoqués par la Commission National des Médias qui les a par la suite demandés de rétracter leurs propos et de présenter leurs excuses.

‘’Par conséquent, le Président est convaincu que les Ghanéens avisés reconnaitront qu’Appiah Stadium est simplement en train de réciter du livre de propagande de NDC qui a été depuis longtemps discrédité’’ a ajouté le communiqué.

Suite au communiqué, la police a relâché Frank Appiah.

Ce geste noble est une démarcation nette de ce qui est observé habituellement dans des situations similaires dans de nombreux pays et même sous des régimes récents au Ghana. C’est un contre-discours positif par rapport aux normes en vigueur dans de nombreux pays d’Afrique où les lois de lèse-majestés (affronts aux dignitaires du pouvoir) sont brutalement appliquées pour censurer tout critique en l’endroit du chef d’Etat.

Une journaliste sénégalaise n’a pas été aussi chanceuse que Frank Appiah lorsqu’elle a été arrêtée pour avoir partagé une caricature du Président Macky Sall. Elle a été condamnée ‘’pour avoir publié des images qui portent atteinte à la morale publique’’, Ouleye Mané de la Télévision Touba a passé six semaines en détention avant d’être libérée sous caution.

Au Zimbabwe, par exemple, plus de 70 personnes ont été arrêtées entre 2005 et 2015 pour avoir insulté le Président Robert Mugabe, même si elles n’ont pas été toutes inculpées.

Dans un cas récent en Afrique, la police au Kenya a arrêté Paul Ongili Owino Député d’Embakasi pour avoir prétendument fait des remarques abusives sur le Président Uhuru Kenyatta lorsqu’il s’adressait à des foules à Kwangware le 24 Septembre 2017.

Au cours du mois d’Avril de cette année, une activiste ougandaise des droits de l’Homme, Stella Nyanzi a été arrêtée et accusée d’avoir décrit le Président Yoweri Museveni comme ‘’ une paire de fesses’’.

En dépit du fait que la MFWA condamne le manque de respect et les propos insolents envers les chefs d’Etats et les responsables publiques en générale, nous croyons que c’est une marque d’une véritable diplomatie et de maturité politique pour les leaders de pouvoir se retenir sourire lorsque leurs citoyens les offensent.

Nous considérons que l’attaque verbale de Frank Appiah sur le Président Akuffo-Addo est détestable et incompatible avec les valeurs ghanéennes et africaines le Ghana du respect et de la révérence aux personnes âgées.

Par ailleurs, nous félicitons le Président du Ghana pour avoir fait preuve de la sagesse et de l’esprit indulgent des anciens qui se résument dans ce proverbe akan : l’on ne s’offusque pas des défécations de son enfant sur cuisses en coupant la cuisse, mais on l’a nettoie. C’est un état d’esprit qui vaut la peine d’être adopté par tous les leaders sur le continent.

 

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