Burkina Faso : Le responsable d’un club ordonne à un journaliste de quitter la ville sous peine de mort

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne sans réserve la menace de mort proférée à l’encontre de Besséri Ouattara, journaliste de L’Express du Faso dans la ville de Banforaet demande aux autorités de sanctionner le responsable de cette violation.

Le 24 mai 2022, Besséri Ouattara, journaliste sportif du quotidien L’Express du Faso dans la ville de Banfora (capitale de la région des Cascades au sud-ouest du Burkina Faso) a reçu des menaces de morts dans l’après-midi, aux environs de 15 heures. Les menaces auraient été proférées par Brahima Traoré, un responsable sportif local, également connu sous le surnom de « AECO ».

« Soit, tu quittes la ville, soit, moi je vais te tuer. Si je n’arrive pas à te tuer, c’est que je vais aller avec ton nom quelque part », confie à la MFWA, Besséri Ouattara se rappelant la conversation qu’il a tenu avec Brahima Traoré le 24 mai.

La menace résulte d’une information sur le refus des joueurs de l’Union sportive de la Comoé (USCO) de jouer à la demi-finale de la coupe nationale du fait de salaires et primes impayées. AECO a accusé le journaliste d’être l’auteur de cette information qui aurait circulé sur la toile. Toutefois, le journaliste maintient qu’il n’a rédigé aucun article à ce sujet.

Brahima Traoré et Besséri Ouattara se sont rencontrés plus tôt le même jour dans un centre de l’USCO à Banfora. Le journaliste, en déplacement dans la ville, a été étonné d’apercevoir le bus du collectif encore stationné devant le centre, alors que les joueurs avaient un match le jour suivant à Ouagadougou. Le journaliste curieux a donc cherché à savoir ce qui se passait. Toutefois, il n’a pu trouver personne à interroger. En quittant, il rencontre alors Brahima Traoré, qu’il salue sans échanger davantage.

Quelques heures plus tard, AECO appelle le M. Ouattara pour lui exprimer son mécontentement à propos d’un article que le journaliste n’a pas rédigé. Il le menace de mort et lui intime l’ordre de quitter Banfora avant son retour de Ouagadougou avec l’équipe de football.

« Il m’a appelé pour me dire qu’il a vu des écrits sur la toile et qu’en réalité les gens ne sont pas contents de moi, et qu’en premier lieu, lui. Mais que ce que lui il peut me dire, ça là, ça va me coûter cher. Je lui ai dit que ce n’est pas moi. Il m’a dit que personne n’est entré dans le cercle de l’équipe si ce n’est moi », Besséri Ouattara a-t-il narré à la MFWA au cours d’une conversation téléphonique.

La menace a psychologiquement et moralement affecté le journaliste. Plusieurs journalistes et organisations des médias du pays ont fortement critiqué l’acte de Brahima Traoré. Treize organisations professionnelles des médias (OPM) ont publié un communiqué pour condamner l’acte éhonté.

« Les organisations professionnelles de médias signataires de la présente condamnent la menace de mort à l’endroit de Besséri Ouattara et l’ultimatum qui lui a été donné », ont déclaré les OPM dans leur communiqué.

La MFWA est extrêmement préoccupée par la détérioration de l’état de la presse au Burkina Faso, où les autorités ne disent mot face aux violations croissantes de la liberté de la presse. La situation et la sécurité des journalistes en Afrique de l’Ouest, surtout au Burkina Faso semblent aller de mal en pis.

Le 19 mai 2022, un agent de sécurité a agressé Luc Pagbelguem, journaliste de la télévision BF1 TV et l’a projeté au sol. L’agression du journaliste a eu lieu au Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (CAPES) lors d’une cérémonie organisée, le 19 mai 2022, pour célébrer le 20ème anniversaire du CAPES.

Le 14 mai 2022, l’activiste Kémi Séba, président de l’ONG Urgences Panafricanistes, a expulsé Fanny Noaro-Kabré, journaliste de TV5 Monde, d’une réunion à Ouagadougou. Fanny, qui avait obtenu l’autorisation de couvrir l’événement, a été expulsée par Kémi Séba au motif que les médias français ne contribuaient pas de manière positive à la lutte contre le néocolonialisme.

Au regard de ces faits, nous exhortons les autorités à travailler avec toutes les parties prenantes pour préserver la liberté de la presse au Burkina Faso.

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