Avril 2019 en Afrique de l’Ouest: Un Récit de Coupure d’Internet, de Détentions et de Menaces contre les Journalistes

Le mois d’Avril 2019 a été obscurci par une coupure de 24 heures d’internet au Benin, une condamnation d’un activiste à 12 ans de prison au Nigeria et des agressions contre des journalistes au Nigeria, entre autres incidents au Ghana et au Liberia.

Le 28 Avril, les autorités béninoises ont perturbé les réseaux sociaux dans le pays avant de couper l’accès total à l’internet lorsque les tensions montaient par rapport à la tenue des élections parlementaires auxquelles les parties de l’opposition se sont vues exclues.

« Impossible désormais de communiquer par les réseaux sociaux au Bénin. Facebook, télégramme, Whatsapp, Twitter, etc. Aucune plateforme de réseaux sociaux ne marche plus dans ce pays depuis quelques heures. Elles sont toutes coupées », a rapporté une presse en ligne, lanouvelletribune.info », à la veille des élections.

Dans un procès controversé au Nigeria, un tribunal d’Abuja présidé par le Juge Yusuf Halil a condamné Ibrahim Wala, un activiste anti-corruption et organisateur de Citizens Actions to Take Back Nigeria(CATBAN), à 12 ans de prison pour une publication sur Facebook en 2017 considérée comme diffamatoire à l’endroit d’une autorité publique.

Wala a prétendu que le plaignant ; Abdullahi Mukhtar, Président de la Commission Hajj du Nigeria (NAHCON) a fait des profits douteux en totalisant 3Milliards de Naira (8.3 USD) sur la supervision de l’édition 2017 du pèlerinage annuel des musulmans à la Mecque. Etant donné que le Nigeria a abrogé le délit de diffamation criminelle, ce procès aurait dû être un cas civil. Cependant, d’une manière ou d’une autre, les charges criminelles, la gestion d’une association illégale et l’incitation du public ont été retenues contre l’activiste, y compris des charges de diffamation.

En Guinée, un groupe perçu comme étant des sympathisants de la coalition au pouvoir et dénommé Alliance Arc-en Ciel a attaqué deux journalistes couvrant une marche de protestation des opposants aux rumeurs du troisième mandat du Président Alpha Condé dans la ville de Kankan.

Malick Diakite d’Horizon FM et Alhassane Diallo du journal en ligne Guineealerte.com ont été battus, leurs habits déchirés et leurs équipements de travail, y compris leurs téléphones furent confisqués dans l’incident qui s’est produit le 30 Avril 2019.

Dans une plainte déposée le 15 Avril par le Ministre d’Etat pour les Affaires Présidentielles, Nathaniel McGill, ce dernier demandait 500 000 USD de dommages à Henry Costa, propriétaire de Roots FM et animateur de Costa Show, et la fermeture de la station de radio.

Le Center for Media Studies and Peace-building (CEMESP), l’organisation partenaire de la MFWA au Liberia, a reporté que la plainte fait suite à une lettre adressée par Henry Costa à l’Ambassade des Etats Unis d’Amérique au Liberia, prétendant que le gouvernement sabote Roots FM.

« [The Costa show est] est une émission tres divisive qui rivalise avec le style de diffusion de la Radio Rwanda d’avant 1994… [c’est] une plateforme de chantage et d’extorsion, extrêmement prolifique d’insanités plutôt que dire la vérité », a dit le plaignant dans sa plainte.

De retour au Benin, les forces de sécurité ont, le 18 Avril, pris d’assaut le domicile de Casimir Kpedjo, directeur du site d’information Nouvelle Economie et l’ont gardé en détention à la brigade de la Gendarmerie de Xlacodji  à Cotonou, la capitale économique du Benin.

Dans deux articles publiés sur la page Facebook du journal, Kpedjo a critiqué l’eurobond émis par le pays, et a fait des analyses pessimistes de l’économie. Le journaliste a été accusé de publication de fausses informations à propos de l’économie du Benin et a été  traduit devant un tribunal le 23 Avril.

Le 26 Avril, Timothy Gobah, un reporter de Daily Graphic et Graphic Online, une des plus grandes maisons de presse du Ghana, a été arbitrairement détenu par des jeunes de Ogua Traditional Area of the Central Region of Ghana suite au reportage du journaliste sur le lancement de la cérémonie traditionnelle du festival, the Oguaa Fetu Afahye.

Aussitôt que le journaliste a publié son article sur graphiconline.com, une foule de jeunes gens ont envahi le bureau de Gobbah et l’ont amené de force au palais d’Emintsimadze, où son téléphone cellulaire a été saisi. Il a fallu l’intervention de la police pour obtenir la relâche du journaliste après deux heures de détention.

Toujours au Ghana, le correspondent de Starr FM dans la région de Upper East, Edward Adeti a été objet d’une série de menaces suite à ses travaux qui ont conduit à la démission d’un Ministre d’Etat, Rockson Ayine Bukari. Le Ministre a démissionné suite à la fuite d’un enregistrement audio de ses tentatives d’intervention avec Adeti au nom d’une société minière Chinoise, Shaanxi Mining Ghana Limited et le juge supérieur de la région, Jacob B.Boon. Le journaliste a depuis lors reporté recevoir une série de menaces à sa vie.

« J’ai reçu des menaces depuis l’année dernière par messagerie et même sur les réseaux sociaux. La dernière était hier [Lundi 29 Avril 2019]. Un certain Mubariq Muntari a dit: Edward Adeti le regrettera ».

Il a ajouté qu’il reportait ces menaces au Bureau National d’Investigations.

« Ainsi ces menaces sont là, face à face, de façon anonyme, les messages viennent, des messages de menaces et aussitôt que je les reçois, je les transfère à la BNI » a dit le journaliste à Dailymaigh.com.

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