Guinée; Vingtaine des Manifestants Tués, Internet Coupé, Journalistes Brutalisés aux Lendemains des Elections Controversées

Plus d’une vingtaine de personnes tuées dans les manifestations post-électorales en Guinée. Coupure d’Internet, journalistes empêchés de couverture par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), d’autre agressés physiquement par des sympathisant furieux de l’opposition, tandis que la répression post-électorale a déferlé sur la Guinée aux lendemains des élections présidentielles controversées.

Victoire Controversée d’Alpha Condé

Sans grande surprise, le Président sortant, Alpha Condé a été déclaré provisoirement gagnant des élections du 18 Octobre. Plusieurs personnes et sympathisants de l’opposition guinéenne ont été tuées. Selon le gouvernement, 21 personnes seraient tuées, tandis que l’opposition avance le chiffre de 27 personnes tuées par les forces de l’ordre aux lendemains des élections. Ce nombre de morts, vient rallonger la liste de plus de cinquantaine de personnes tuées depuis les manifestations contre le troisième mandat de l’actuel président. Dalein Diallo qui s’était autoproclamé vainqueur de ces élections a été séquestré depuis le 19 Octobre à son domicile à Conakry.

Coupure d’Internet

À la veille de la proclamation des résultats provisoires de ces élections controversées par la CENI, le 23 Octobre, l’accès à l’internet mobile a été perturbé sur le principal réseau de téléphonie mobile Orange Guinée. Ce réseau compte à lui seul près de 80% d’utilisateurs d’internet mobile. En coupant l’internet, les autorités guinéens ont violé les droits à la liberté d’expression et l’accès à l’information à des millions de guinéens en ligne et sur les réseaux sociaux.

Une source anonyme joint par la MFWA a déclaré ‘’ C’est la Guilab qui nous à coupés la nuit. C’est hier vendredi matin, arrivé au bureau qu’on s’est rendu compte qu’on a été coupé. Nous avons posé la question à la Guilab. Ils n’ont rien dit. Donc, c’est une coupure expresse. On ne peut rien. Orange Guinée n’a aucune panne qui nécessite une coupure. Nos installations marchent à merveille ».

Refus d’accès et brutalités sur les Journalistes

Le 24 Octobre, peu avant l’annonce des résultats provisoires, des agents de la CENI, appuyés par les forces de l’ordre ont refusé l’accès aux médias privés locaux et internationaux au Palais des Peuples sis à Conakry. Nombreux ont été donc, ces journalistes qui ont été empêchés de couverture de la cérémonie de proclamation des résultats provisoires des élections.

Tôt le matin, une centaine de journalistes de la presse d’Etat, de la presse privée et internationale se sont présentés au Palais du peuple. Cependant, des commissaires de la Commission électorale nationale indépendante en charge de la presse sont allés trier parmi les journalistes. Ils ont fait rentrer dans la salle seuls les journalistes et reporters des médias d’Etat : radio et télévision nationale, Agence Guinéenne de Presse, Horoya et autres.

Aux journalistes de la presse privée et internationale, ils ont demandé d’attendre. Et ils ne sont plus revenus. Peu après, des agents des forces de maintien de l’ordre ont demandé aux journalistes de quitter. Ils ont dit qu’ils n’ont pas reçu l’ordre de les laisser entrer. Joignant la parole à l’acte, ils ont chassé ces reporters comme des malpropres.  » Quittez ici ! Vous n’allez pas entrer. Les journalistes qui doivent être à l’intérieur sont là-bas déjà » a dit un officier de police anti-émeute, nerveux.

Dans la journée, Mamadou Yacine Diallo, un journaliste de la radio Bonheur FM qui revenait d’un reportage alors que les violences électorales faisaient rage dans la haute banlieue de Conakry, a été arrêté par des jeunes manifestants. Il a été passé à tabac par ces assaillants. Ils lui ont retiré son téléphone, sa moto, son ordinateur et une enveloppe d’un million de francs guinéens.

« Je dois ma survie à un membre du groupe qui m’a dit de fuir que sinon ses collègues vont me tuer. J’ai fui, certains d’entre eux munis d’armes blanches m’ont pourchassé. Dieu merci. J’ai pu m’évader » a témoigné Mamadou Yacine Diallo.

Ce 25 octobre, des journalistes partis couvrir une conférence du candidat malheureux de la Présidentielle Cellou Dalein Diallo qu’il s’était autoproclamé, ont été bloqués par les agents de la police anti émeutes postés à l’entrée.

Abdoul Malick Diallo, un journaliste du site Africaguinee.com et du journal « Le Populaire » a été pris à parti par un de ces agents qui lui a retiré son téléphone, son dictaphone. Ils lui ont demandé de quitter avec des menaces. Finalement, ces agents lui ont restitué son matériel, mais, ils lui ont demandé de foutre le camp.

Carolle Valade, correspondant de Radio France Internationale (RFI) et un de ses collègues, envoyé spécial d’un autre journal de France, Le Monde, ont aussi été éconduits par les forces de l’ordre. Ils sont allés s’arrêter 1 km plus loin près d’une station ; un groupe de policiers armés sont venus leur dire de quitter complètement la zone. C’est ce qu’ils ont fait voyant que certains de ces agents armés commençaient à montrer des signes de nervosités violentes

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne le refus d’accès aux journalistes locaux privés et aux médias internationaux à la salle du Palais des Peuples comme une violation des droits à la liberté de la presse et d’expression. Également préoccupante, la coupure d’internet qui viole les droits aux informations des citoyens. C’est la deuxième du genre en Guinée, en l’espace de dix mois.

La violation des droits des journalistes, de la liberté d’expression, et la coupure d’internet avant, durant et après les élections remettent en cause toute transparence des processus électorales crédibles, transparentes et démocratiques.

La MFWA demande aux autorités de la Guinée à veiller au respect des droits de la presse et des journalistes, lesquels sont indispensables pour tous régimes qui se dit démocratique.

Par ailleurs, la MFWA demande des investigations indépendantes sur les meurtres de ces personnes et des dizaines d’autres tuées lors des manifestations dans le pays, pour que les auteurs soient poursuivis en justice et punis.

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