Grève des Maisons d’Imprimerie et Blackout de la Presse en Mauritanie en Prélude aux Elections Législatives

Avec les élections législatives en vue d’ici deux mois, les kiosques de presse de la Mauritanie sont vides suite à une grève des travailleurs de la maison d’édition de presse qui a paralysé l’impression dans le secteur des médias depuis le 18 Juin 2018.

Tous les journaux dans le pays sont imprimés par la maison d’édition de l’Etat, Imprimerie Nationale, et sont donc par conséquent pris en otage par la grève.

Les employés de l’imprimerie protestent contre le non-paiement des subventions du gouvernement au cours des deux dernières années. Ils dénoncent aussi l’échec des institutions de l’Etat dans le règlement de dettes, conséquences du retard dans le paiement des salaires et des arriérées, de la sécurité sociale et les primes d’assurance santé au cours des quatre mois.

C’est la deuxième fois en cette année que la presse écrite en Mauritanie a été mise à mal par les maisons d’imprimerie. Du 11 Décembre 2017 au milieu du mois de janvier 2018, les maisons d’éditions ont été frappées par une rupture sévère d’impression des journaux, par conséquent les kiosques ont été vides durant un mois avec près d’une vingtaine de journaux touchés.

Exprimant ses frustrations à propos des difficultés de la maison d’édition nationale, Moussa Samba Sy, Président du Regroupement de la Presse Mauritanienne, partenaire de la MFWA en Mauritanie, a dit qu’il suspecte le gouvernement de répression et de musèlement des médias.

″L’imprimerie nationale dépend de l’Etat, et c’est évident à certaines personnes que le gouvernement est en train de museler la presse″, s’est lamenté Samba.

Le vaste, presque désert paysage de la Mauritanie rend difficile la tâche de distribution des journaux. Par conséquent, la circulation est souvent limitée à la capitale et quelques villes accessibles, une limitation qui se traduit par l’inadéquation des revenues des ventes, et de façon ultime, à une menace de viabilité.

Dans une tentative de soulagement du lourd fardeau, le gouvernement est intervenu en subventionnant les coûts imprimerie des journaux. Cependant, la dépendance de la presse privée des subventions de l’Etat leur met à la merci du gouvernement qui peut décider, et quelquefois décidé d’ailleurs, de couper l’oxygène de subvention pour suffoquer  des bénéficiaires ″ingrats″ et faire rentrer dans les rangs.

En Février 2016, par exemple, le gouvernement a interdit à tous les départements publics et les agences de souscrire et passer des annonces publicitaires dans les journaux privés. Malgré l’assurance donnée par les autorités sur la mesure temporaire sous réserve d’introduction d’une loi pour réguler de telles transactions, aucun projet de loi n’a été déposé devant le parlement à cet effet, voilà plus de deux ans.

L’accolade du gouvernement avec le secteur de la presse en Mauritanie laisse clairement à désirer. Cette accolade devient de plus en plus serrée et étouffante et le soutien du gouvernement devient assimilable au cheval de Troie.

Ceci est la première fois que la presse privée en Mauritanie a besoin désespérément de son indépendance et de sa sérénité pour aider dans la modération des débats politiques pour les élections locales et législatives dont la Commission Electorale du pays a fixé pour le 1erSeptembre 2018, a peu près 2 mois d’ici. Les campagnes électorales sont fixées du 17 au 30 Août, a dit la Commission. C’est une mesure déficitaires d’accès indépendante aux sources d’information en Mauritanie du fait que le pays a seulement cinq stations privées de télévisions et du même chiffre que pour les stations de radio. De surcroit, ces organes de média n’ont été autorisés à être opérationnelles récemment qu’en 2013.

Etant donné la taille dérisoire et relativement nouveau du secteur électronique des médias, l’absence prolongée de près de la vingtaine des journaux indépendants et des journaux d’état des kiosques plonge les élections prochaines dans un profond blackout des medias. Ceci est un test rude pour la pluralité des médias et le droit des citoyens à l’information. Si cela n’est résolu immédiatement, la situation pourrait affecter la couverture médiatique juste et équilibrée, la transparence des processus électorales et la crédibilité des résultats.

Le referendum controversé du 5 Août 2017 avait enregistré un taux  dérisoire de 53% de participation. Si tel est le cas, alors un taux de participation similaire, voire pire, est hautement probable, si le problème actuel des journaux persiste.

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