MFWA, AGEPI Appellent les Autorités Guinéennes à Démontrer un Plus Grand Engagement à Mettre Fin aux Problèmes de la Liberté d’Expression

Ces dernières années, la Guinée a enregistré un nombre croissant de violations de la liberté d’expression, notamment des attaques fatales contre des manifestants. Le pays a enregistré le plus grand nombre de violations de la liberté d’expression en Afrique de l’Ouest au cours du dernier trimestre  2017 et premier trimestre 2018 dans le Moniteur de la liberté d’expression d’Afrique de l’Ouest, qui est un rapport trimestriel de la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA).

À environ trois mois de la fin de l’année 2018, la MFWA et son partenaire guinéenne, AGEPI, sont tristes de constater que la Guinée continue de se classer parmi les pires pays violateurs de la liberté de la presse comme en témoignent les incidents suivants:

 Le 31 janvier: des inconnus armés attaquent la maison d’Abdoul Latif Diallo, directeur du site de depecheguinee.com. Plusieurs coups de feu ont été tirés sur le domicile du journaliste d’investigation qui avait également été l’objet de menaces de mort quelques jours avant l’attaque.

Le 13 mars: un responsable d’un club de football a agressé physiquement et a ensuite émis des menaces de mort contre Djibril Firawa Touré de guineegoal.com dans un stade à Conakry lors d’un match opposant Fello Stars à Wakiriya.

Le 14 mars: des malfrats inconnus ont pris d’assaut les locaux du groupe Hadafo Media et ont vandalisé la vitrine des bureaux.

Le 14 mars: des militants proches d’un parti politique ont attaqué deux journalistes, Idrissa Barry et Djibril Kaback Camara, qui sont arrivés à Kaloum pour couvrir une manifestation.

Le même jour (le 14 mars), une équipe de six journalistes d’Evasion TV et du groupe Espace ont été attaqués au carrefour de Constantin Conakry par un groupe de manifestants. Les assaillants ont incendié leur véhicule avec tout le matériel de travail: caméras, enregistreurs, téléphones et autres gadgets à bord.

Le 25 avril: une violente intervention de la police lors d’une manifestation de deux jours a entraîné la mort d’une personne dans la ville minière de Boke, à environ 300 kilomètres de Conakry. La manifestation a été déclenchée par la mort d’un motocycliste commercial qui a été écrasé par un véhicule appartenant à une société d’extraction de bauxite.

Le 20 juin: Le ministre de la Justice de la Guinée, Cheick Sako, a abusé de son autorité en ordonnant la détention de Mamadou Saliou Diallo, directeur du site de nouvelles, nouvelledeguinee.com, pendant trois jours. L’action est en violation de la loi sur la presse guinéenne qui exclut la détention pour délit de presse.

Le 5 septembre: deux jeunes hommes âgés de 17 et 25 ans ont été abattus par les forces de sécurité qui ont utilisé des balles réelles pour disperser les habitants de Boke et de Kamsar qui protestaient contre les coupures d’électricité et les coupures d’eau.

La MFWA et l’AGEPI souhaitent exprimer notre profonde préoccupation devant les violations des droits individuels et collectifs garantis par la constitution et par la loi organique du 22 juin 2010 relative à la liberté de la presse, en particulier dans le cadre de la préparation du scrutin législatif et présidentiel.

Les élections constituent un exercice démocratique déterminant qui requiert la participation totale et effective des médias et de tous les citoyens. Nous sommes conscients que les élections se déroulent avec une multitude d’activités politiques et sociales, notamment des rassemblements et des manifestations.

La série actuelle de violations des droits des journalistes et des citoyens est susceptible de créer un climat de peur et de psychose généralisé pouvant conduire à une apathie vis-à-vis du processus électoral.

Nous exhortons donc les ministres de l’intérieur à collaborer étroitement avec ses homologues du ministère de la justice, de la sécurité nationale et de l’information pour endiguer la vague croissante d’agressions contre les journalistes, les organisations de presse et les manifestants.

Nous exhortons également le président du HAC, les groupes de la société civile et les associations de professionnels des médias à convoquer un forum des parties prenantes pour discuter et trouver des solutions à la dégradation de la situation de la liberté d’expression en Guinée.

Share this story!

Related Stories