Encore une voix critique réduite au silence au Mali

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement l’arrestation et la détention de Chouala Bayaya Haïdara, prédicateur et membre du Haut Conseil Islamique du Mali, et appelle les autorités à le libérer.

Les autorités maliennes ont appréhendé Chouala Bayaya Haïdara, sur ordre du Dr Adama Coulibaly, Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune VI de Bamako, en charge du Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre la cybercriminalité. Cette interpellation, effectuée le 19 décembre 2023, par les agents de la Brigade d’Enquête Judiciaire (BIJ) au domicile de Haïdara à Bamako, a été suivie d’un mandat de dépôt le plaçant en détention à la Maison Centrale d’Arrêt (MCA) de Bamako.

Haïdara est poursuivi pour des actes d’« atteinte au crédit de l’Etat et des propos tendant à troubler l’ordre public ». Il sera détenu à la Maison centrale d’arrêt de Bamako (MCA) en attendant son jugement en 2024.

Les ennuis du chef religieux découlent d’une vidéo publiée sur les réseaux sociaux dans laquelle il interpelle vivement les autorités politiques et judiciaires au sujet de ce qu’il perçoit comme une détention préventive exagérée et injustifiée de certaines personnalités publiques. Il a condamné la détention prolongée de personnes telles que l’ancien ministre Bouaré Fily Dabo Sissoko, le journaliste Mohamed Youssouf Bathily (Ras Bath) et l’influenceuse Rokia Doumbia (Rose vie chère). Il a exhorté les dirigeants actuels à traiter promptement les problèmes au lieu d’emprisonner ceux qui expriment leurs préoccupations. L’homme religieux au franc-parler a également déploré les coupures d’électricité persistantes qui ont plongé la population malienne dans le désarroi pendant des mois

L’arrestation a suscité un mouvement de soutien et de protestation spontané, avec des centaines d’adeptes et de sympathisants qui se sont rassemblés devant la maison de Haïdara avant de marcher jusqu’au BIJ pour exiger la libération de leur « guide ». Cette situation ravive les inquiétudes concernant l’interprétation des lois sur la cybercriminalité au Mali et leur manipulation par les autorités pour museler les critiques sur leur gestion.

La MFWA est préoccupée par les actions des autorités maliennes visant à réprimer les voix dissidentes et la liberté d’expression. Nous appelons le gouvernement à libérer Chouala Bayaya Haïdara et à respecter les droits fondamentaux des citoyens à la liberté d’expression et à la liberté d’opinion.

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