Résultats Mitigés de la Liberté d’Expression en Afrique de l’Ouest : 3 Violations, 2 Actions de Réparation Enregistrées en Décembre 2019

Trois violations de la liberté d’expression ont été enregistrées au Nigeria et au Bénin au cours du mois de Décembre 2019, relativement calme en Afrique de l’Ouest, où deux journalistes ont été arrêtés et détenus et un média fermé, tandis qu’un activiste politique emprisonné pour avoir organisé des manifestations antigouvernementales fut libéré.

Dans ce qui a été largement condamné comme un dangereux précédent, les forces de sécurité ont perturbé les procédures judiciaires à Abuja, au Nigeria, et ont arrêté un journaliste et un militant politique qui était en procès.

Des hommes lourdement armés du Département des services de l’État (DSS) ont pris d’assaut la salle d’audience et ont de nouveau arrêté Omoyele Sowore dans la matinée du 6 Décembre, un jour après que la Haute Cour fédérale d’Abuja leur ait ordonné de libérer le journaliste qui était détenu par l’agence de sécurité depuis 124 jours.  Le juge Ijeoma Ojukwu avait également infligé une amende de 100 000 nairas (278 dollars) au DSS pour avoir fait fi des décisions de justice antérieures visant à libérer le journaliste qui avait été libéré sous caution.

L’éditeur de Sahara Reporters avait été arrêté le 3 Août pour avoir appelé à des manifestations de masse contre le gouvernement dans le cadre de sa campagne #RevolutionNowCampaign. Il a été accusé de trahison, de terrorisme et de blanchiment d’argent.

Le 24 Décembre, un tribunal du Bénin a condamné un journaliste d’investigation à 18 mois de prison et à une amende de 200 000 francs CFA (400 dollars) pour un poste sur les médias sociaux.

Ignace Sossou, qui travaille pour la Web TV, a été reconnu coupable de « harcèlement par les moyens de communication électroniques » après que le procureur de la République du Bénin, Mario Metonou, se soit plaint du fait que les publications du journaliste sur les réseaux sociaux étaient mal citées et  sorties de leur contexte.

Le journaliste a été arrêté à son domicile par des agents de l’Office central pour la répression de la cybercriminalité et détenu le 20 décembre, un jour après qu’il ait fait ses publications.

Toujours au Bénin, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) a fermé, le 17 Décembre, une station de radio privée appartenant à un influent homme politique de l’opposition, pour défaut de renouvellement de sa licence.

La direction de la station a expliqué par la suite qu’en Août 2019, elle avait soumis à la HAAC une demande signée par le directeur, Jérôme Kassa, pour renouveler sa licence d’exploitation qui devait expirer en décembre 2019. La HAAC a insisté sur le fait qu’aucune autre personne ne peut signer des documents pour renouveler une licence qui a été délivrée au nom de Sébastien Ajavon, le propriétaire de la station et politicien de l’opposition qui vit maintenant en exil en France.

Le mois de Décembre a toutefois été marqué par des évènements heureux relatifs, puisque deux importantes réparations ont également été enregistrées. Le 24 Décembre 2019, Omoleye Sowore, qui était détenu depuis le 3 Août 2019, a été libéré sur ordre du procureur général du Nigeria, Abubakar Malami. Le geste de la veille de Noël a également profité à Samobo Dasuki, un ancien conseiller à la sécurité nationale qui était détenu pour corruption depuis 2015.

Autre fait marquant, un journaliste qui travaille pour Adom FM à Accra a remporté une victoire juridique symbolique sur une activiste politique qui l’avait agressée. Le 2 Décembre, le président du tribunal, Gifty Adjei Addo, a condamné à 9 000 GH¢ (environ 1 600 $US) Hajia Fati, membre du Nouveau parti patriotique (NPP) au pouvoir au Ghana, pour avoir agressé la journaliste Ohemaa Sakyiwaa d’Adom FM, basée à Accra.

La poursuite fait suite à une violente attaque de Hajia Fati contre Sakyiwaa au siège du parti à Accra où elle s’était rendue pour couvrir un événement le 4 Mai 2018. L’agresseuse a également détruit le téléphone portable de la journaliste.

Le 15ème  anniversaire de l’assassinat du journaliste Deyda Hydara coincida avec le 16 Décembre et la MFWA a profité de l’occasion pour demander justice pour la famille de l’ancien rédacteur en chef du journal Point en Gambie.

 » Si les assassins n’assument pas la conséquence de leurs actes, eux et les futurs auteurs ne seront pas dissuadés « , a déclaré la MFWA dans une déclaration à l’occasion de cette journée.

Le 29 Décembre 2019, la Guinée-Bissau a organisé avec succès son scrutin présidentiel, longtemps retardé, sans qu’aucune violation de la liberté de la presse ni aucune perturbation de l’Internet n’ait été enregistrée.

Partagez cette histoire!

Histoires liées