Le Mali Libère des Dirigeants Arrêtés lors de Récentes Manifestations

Dans un effort apparent d’apaisement des tensions dans le pays, les autorités maliennes ont libéré les dirigeants et les organisateurs des manifestations violentes antigouvernementales des trois jours de qui ont commencé le 10 juin 2020, paralysant la capitale, Bamako, et se sont soldées par des morts.

Le magazine français Le Monde a cité le Premier ministre Boubou Cissé qui a confirmé un bilan de 11 morts et 158 blessés au cours de ces trois jours de violents affrontements.

Alors que les tensions restent vives et que des affrontements sporadiques se poursuivent entre des poches de jeunes résistants et les forces de sécurité, les autorités ont répondu aux appels locaux et internationaux et ont libéré les leaders arrêtés de la protestation, au nombre d’une vingtaine, le 13 juillet 2020.

« Mes trois clients Choguel Maïga, Kaou Djim et l’imam (Oumarou) Diarra viennent d’être libérés », a déclaré Alifa Habib Koné, l’avocat des trois, à l’Agence France Presse (AFP) après les libérations.

Parmi les autres personnalités de l’opposition et de la société civile libérées de divers centres de détention de la capitale, on peut citer Nouhoum Sarr, Adama Ben, Clément Dembele et un ancien ministre, Mountaga Tall. L’imam Mahmoud Dicko, le puissant chef religieux qui s’était présenté à la police pour être détenu en solidarité avec les leaders de l’opposition arrêtés, a également été libéré.

Le geste conciliateur du gouvernement s’inscrit dans la lignée des appels à la retenue et au dialogue politique lancés par les acteurs internationaux.

Dans une déclaration commune publiée le 12 juin, la CEDEAO, l’Union africaine, l’UE et les Nations Unies ont condamné la violence des deux côtés. Ils ont également exhorté le président Keita à créer les conditions d’un dialogue politique en libérant les dirigeants emprisonnés du M5-RFP, une coalition de dirigeants religieux, politiques et de la société civile qui ont organisé les manifestations.

En plus de la libération des dirigeants des manifestations, le président a dissous la Cour constitutionnelle qui, selon les manifestants, a perdu sa crédibilité en tant qu’organe neutre. Dans l’une de ses récentes prises de position partisanes, la Cour constitutionnelle a publié le 1er juin 2020 une déclaration qualifiant les appels à la démission du président Keita d' »insurrectionnels, subversifs, séditieux ». En réponse, la MFWA a publié une déclaration condamnant l’action de la Cour comme étant « une tentative de dissuader et d’intimider les critiques de l’exécutif ».

Suite à la libération de ses dirigeants, la direction du M5-RFP a également annulé les manifestations annoncées le 17 juillet. Elle organisera à la place des services commémoratifs pour les manifestants tués lors des dernières manifestations.

Entre-temps, une délégation de la CEDEAO est arrivée au Mali pour servir de médiateur dans l’impasse. Dirigée par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, l’équipe a rencontré le président Ibrahim Boubacar Keïta, le premier ministre Boubou Cisse et le puissant imam Mahmoud Dicko, qui est au cœur de la campagne contre le gouvernement. Ils rencontreront également séparément les leaders de l’opposition et les organisations de la société civile pour tenter de négocier la paix.

La MFWA se félicite des développements positifs au Mali dans les jours qui ont suivi les incidents violents, en particulier la libération des leaders des manifestants et la dissolution de la Cour constitutionnelle controversée.

Nous exhortons les parties concernées à poursuivre le dialogue de bonne foi afin de rétablir la paix. Par-dessus tout, nous réitérons notre appel aux autorités pour qu’elles enquêtent de manière approfondie sur les incidents violents survenus lors de la récente manifestation et pour qu’elles veillent à ce que les responsables des excès, notamment les assassinats et les nombreuses violations de la liberté de la presse, soient punis.

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