La MFWA adresse une requête au régulateur des médias ivoiriens au sujet des sanctions fréquentes infligées aux médias

LES SANCTIONS EN COTE D’IVOIRE POURRAIENT PROVOQUER UN EFFET EFFRAYANT QUANT A LA LIBERTE DES MEDIAS

 La MFWA exhorte le Conseil national de la Presse à utiliser d’autres méthodes pour aborder le manque de professionnalisme au sein des médias

La Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) a adressé une requête à l’organe ivoirien statutaire de régulation des médias, le Conseil National de la Presse (CNP), au sujet de la suspension fréquente des journaux et des journalistes en ce qui concerne des plaintes relatives à la violation du code de déontologie.

Depuis le début de l’année, le CNP a infligé des sanctions sous forme de suspensions et d’amendes à 12 organes de média et journalistes: Notre Voie, Le Jour Plus, Le Temps, Le Nouveau Courrier, Aujourd’hui, Soir Info, Le Quotidien d’Abidjan, Le Monde d’Abidjan, Moussa Traoré, Alefè Wakili, N’Guessan Kouassi, et Oula Saint Claver. Dans une circonstance particulière d’autocensure survenue le mois dernier, L’Intelligent d’Abidjan a suspendu ses publications jusqu’à nouvel ordre pour protester contre les sanctions “arbitraires” imposées par le CNP.

“Tout en reconnaissant le fait que le manque de professionnalisme de la part des médias ivoiriens constitue une situation inquiétante, nous croyons que la nature et la persistance des sanctions et des amendes infligées par le CNP ont tendance à intimider mêmes les organes de presse qui se comportent de manière professionnelle’’, a déclaré M. Sulemana Braimah, Directeur-exécutif de la MFWA. “Un tel niveau de sanctions pourrait provoquer un effet effrayant en ce qui concerne la liberté des médias en Côte d’Ivoire.”

Par conséquent, la MFWA espère que le CNP formulera des stratégies visant à aborder le manque de professionnalisme au sein des médias qui n’encouragent pas la censure. La MFWA, en collaboration avec l’International Media Support (IMS), a déjà travaillé avec des parties prenantes du secteur des médias en Côte d’Ivoire en vue de développer un code de déontologie pour les médias ivoiriens en 2012 et d’améliorer le professionnalisme parmi les médias. Dans une lettre adressée au CNP, la MFWA s’est engagée à continuer à appuyer le renforcement des capacités des journalistes et le développement global du secteur des médias en Côte d’Ivoire.

Monsieur Raphaël Lakpé

Président

Conseil National de la Presse

Cocody les Deux Plateaux  1ère tranche, n ̊224 bis;

BP V 106 Abidjan,

Côte d’Ivoire

 

Nécessité d’Autres Formes de Recours Pour Faire Face au Manque de Professionnalisme au sein de la Presse Ivoirienne

Monsieur,

La Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) vous présente ses compliments.

Comme vous le savez sans doute, la MFWA est une organisation régionale basée au Ghana qui cherche à promouvoir la Liberté d’Expression et la Démocratie dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest.

Nous vous saluons pour les efforts que vous êtes en train de déployer en vue de promouvoir le professionnalisme au sein des médias ivoiriens. Toutefois, nous nous inquiétons du grand nombre de sanctions infligées aux organes de presse et aux journalistes pour des actes de manque de professionnalisme présumés. Tout en reconnaissant le fait que le manque de professionnalisme constitue une situation inquiétante, nous croyons que les sanctions et les amendes infligées par le CNP ont tendance à intimider mêmes les organes de presse qui se comportent de manière professionnelle, ce qui provoque un  effet effrayant en ce qui concerne la liberté des médias.

Jusqu’ici, le CNP a infligé des sanctions à 12 organisations de média et journalistes pour divers délits. Des sanctions ont été infligées à Notre Voie, Le Jour Plus, Le Temps, Le Nouveau Courrier, Aujourd’hui, Soir Info, Le Quotidien d’Abidjan, Le Monde d’Abidjan, Moussa Traorè, Alefè Wakili, N’Guessan Kouassi et Oula Saint Claver depuis le début de cette année.

Au cours de ces huit derniers mois, certains de ces journalistes et organes de presse ont été sanctionnés plus d’une fois. En tant qu’organisation qui cherche à promouvoir la liberté d’expression, la MFWA s’inquiète du fait que l’imposition constante de sanctions a tendance à étouffer les médias qui jouent un rôle crucial dans l’information et la sensibilisation du grand public aussi bien que la mise à la disposition du grand public d’une plateforme qui leur permettra de s’exprimer.

La décision prise le 10 août 2014 par la Direction du journal privé L’Intelligent d’Abidjan pour suspendre ses publications jusqu’à nouvel ordre a illustré les effets d’autocensure provoqués par ces sanctions. Selon la Direction du journal, cette décision n’était que le début d’une série d’actions et d’initiatives visant à protester contre le grand nombre de suspensions “arbitraires” infligées par le CNP et à demander réparation.

Par conséquent, nous faisons appel au CNP pour qu’il  puisse réexaminer son approche du manque de professionnalisme de la part des médias et des journalistes du pays et adopter une stratégie qui ne fera pas obstacle au reportage. On ne soulignera jamais assez l’importance des médias dynamiques pour la promotion des droits de l’homme, de la démocratie et de l’état de droit.

Nous nous engageons également à contribuer au renforcement des normes professionnelles des médias ivoiriens. Tout récemment, par exemple, nous avons appuyé le développement et la mise en œuvre d’un nouveau code de déontologie pour les médias.

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.

Sulemana Braimah

Directeur Exécutif

MFWA

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