La Menace du Président du Parlement du Ghana d’Empêcher les Médias de Couvrir les Activités Parlementaires est Inquiétante

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) dénonce la menace du président du Parlement ghanéen, le professeur Mike Oquaye, d’interdire aux journalistes de couvrir les débats au Parlement, et l’appelle à se retirer sa menace.

Le professeur Oquaye a lancé cet avertissement le 26 février 2020, après que le chef de la majorité, Osei Kyei-Mensah-Bonsu, se soit plaint que les journalistes avaient abandonné les débats au parlement, à  la veille,  pour s’entretenir avec le député d’Ellembele du parti de l’opposition, et ancien ministre de l’énergie, l’honorable Emmanuel Armah Buah.

Le député est sorti lorsque la Chambre débattait sur le discours de l’état de la nation prononcé par le Président, Nana Addo-Danka Akufo-Addo, le 20 février 2020, que le parti d’opposition Congrès national démocratique (NDC) avait boycotté, ainsi que du débat qui a suivi sur le discours du Président.

« Si ce qui est rapporté se reproduit, je vous rappelle que vous êtes ici en tant qu’invités, avec ma permission. En raison de l’importance que cette Assemblée attache au métier de la plume, toute humiliation de ce type fera de vous un invité indésirable et votre accueil sera dûment retiré », a averti le Président.

L’avertissement est intervenu après que le Président ait convoqué et réprimandé le doyen du corps de la  presse du Parlement sur la conduite des journalistes.

La MFWA juge déplorable les propos de l’Honorable Président selon lesquels c’est avec l’autorisation du Parlement que les médias couvrent la Chambre. Le Parlement est une institution publique qui ne peut pas empêcher les médias de couvrir ses activités plénières ordinaires.

La suggestion selon laquelle la décision des journalistes de quitter la plénière afin d’accorder une audience au député de l’opposition ou à toute autre personne constitue une mauvaise conduite est tout aussi inquiétante et déplacée. Il est important de souligner que le Président n’a pas mentionné précisément le règlement ou les conditions de délivrance de l’accréditation qu’un journaliste ou une organisation de médias a enfreinte.

Les médias ont le droit de décider quoi et qui couvrir dans les limites de la loi. Les reportages parlementaires ne portent pas exclusivement sur les travaux de la Chambre. Au contraire, il comprend des interviews de membres individuels de la Chambre et toute autre activité et incident dans les locaux du Parlement que le journaliste considère comme étant d’intérêt public. En fin de compte, il appartient aux rédacteurs en chef de juger de la pertinence du matériel d’information que leurs journalistes ont recueilli au cours de leur mission.

Le chapitre 12, article 162 (1) de la Constitution ghanéenne de 1992 est sans équivoque sur le statut indépendant des médias lorsqu’il stipule que « la liberté et l’indépendance des médias sont garanties par la présente ».

Cette loi s’inspire de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) qui stipule que « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».

Les journalistes et l’ancien ministre de l’énergie exerçaient ce droit lorsqu’ils ont décidé d’interagir en marge du débat de la Chambre sur le discours de l’état de la nation et toute objection à ce sujet est un acte d’intolérance.

Nous tenons à souligner que les médias ne couvrent pas les activités parlementaires au gré de la direction de la Chambre, mais comme un droit et un devoir constitutionnel. Nous demandons donc au Président de la Chambre de retirer la menace d’interdire les médias et nous l’invitons à adopter plutôt une approche cordiale pour résoudre tout différend avec les médias.

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