Flagrant Abus de Pouvoir : Arrestation, Détention et Condamnation de Militants Pro-démocrate

L’arrestation et la condamnation de membres de militants pro-démocrates en Mauritanie pour avoir appelé à des réformes politiques est un acte rétrograde et la MFWA exhorte les dirigeants du pays à libérer les accusés.

Six membres de l’Alliance pour la Refondation de l’Etat Mauritanien (AREM), un mouvement prônant des réformes politiques et sociales en Mauritanie, ont été emprisonnés le 26 février 2020 après avoir été accusés d’avoir attaqué l’Islam et promu le terrorisme. Un septième membre a été libéré mais placé sous contrôle judiciaire. Ses mouvements sont surveillés et elle est tenue de se présenter régulièrement aux autorités.

L’AREM a été créée à Paris en janvier dernier comme un groupe de défense des droits de l’homme appelant à « un divorce des anciennes pratiques de mauvaise gouvernance, d’injustice et d’impunité », a déclaré à l’AFP l’avocat des accusés, Sid Ahmed Ould Bobaly.

Les six ont été arrêtés et détenus le 15 février, aux côtés de quatre membres du groupe « Nous Voulons une Mauritanie Laïque », trois jours après avoir organisé ce que les autorités ont qualifié de réunion non autorisée dans une maison d’hôtes à Nouakchott. Les agents de la sécurité d’État ont fouillé l’historique des communications en ligne de l’AREM et ont trouvé les détails d’une précédente discussion audio sur WhatsApp dans laquelle les membres ont souligné la nécessité pour la Mauritanie d’approfondir sa culture démocratique et de se débarrasser de pratiques culturelles et religieuses rétrogrades. Un juge d’instruction les a ensuite inculpés de « terrorisme, mépris de la religion musulmane » et d' »insultes à Dieu ».

La Mauritanie s’enorgueillit d’être un État islamique et ses dirigeants politiques et religieux conservateurs sont notoirement intolérants aux critiques de ses pratiques culturelles et religieuses. La critique de l’islam est souvent dénoncée comme un blasphème et est punie de la peine de mort sur conviction.

Le cas du blogueur mauritanien Mohamed Ould Mkhaitir illustre bien l’aversion des autorités pour la critique de sa culture et de sa religion. Il a été arrêté le 2 janvier 2014 après avoir publié un blog pour condamner l’esclavage et la discrimination et le rôle de la religion dans la perpétuation de ces pratiques. Suite à cet article, Mkhaitir a été arrêté et détenu pendant des mois. Il a ensuite été condamné à mort pour blasphème et apostasie. Bien que la cour d’appel ait finalement commué sa peine en deux ans de prison, il a fini par passer six ans en détention.

La MFWA considère la recherche sur les messages du groupe WhatsApp comme une violation flagrante de leur droit à la vie privée en ligne. L’arrestation, la détention et la condamnation subséquente des membres de l’AREM pour avoir organisé une réunion et pour avoir appelé à des réformes est un abus de leur droit à la liberté de réunion et d’opinion. Nous appelons donc les autorités à les libérer et à cesser de harceler les dirigeants du groupe.

 

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