Disparition du journaliste Birama Touré au Mali : MFWA salue le lancement d’un mandat d’arrêt contrele fils de l’ex-président IBK

La Fondation des Medias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a appris avec satisfaction le lancement par Interpol d’un mandat d’arrêt international contre Karim Keita, fils de l’ancien Président Ibrahim Boubacar dans le cadre de l’affaire du journaliste de « Le Sphinx », Birama Touré, porté disparu depuis le 29 janvier 2016.

L’ex-reporter du Sphinx, un journal d’investigation malien est généralement cru mort. Le juge d’instruction du tribunal de grande instance de la commune IV de Bamako, en charge du dossier, a sollicité le soutien d’Interpol pour mettre la main sur Karim Keita, soupçonné d’être impliqué dans la disparition du journaliste en 2016.

Au moment de sa disparition, Birama Touré avait commencé à enquêter sur une liaison qu’aurait entretenu Karim Keïta, ancien Président de la commission Défense de l’Assemblée nationale du Mali, avec la femme de l’un de ses amis. Son ancien patron, le directeur de publication du Sphinx Adama Dramé est persuadé que cette enquête est à l’origine de sa disparition. Selon ses informations, c’est le lieutenant-colonel Cheikh Oumar N’Diaye, à l’époque patron de la sécurité d’Etat et en lien avec Karim Keïta, qui présidait alors la Commission défense de l’Assemblée nationale, qui aurait proposé ses services pour régler cette affaire.

En octobre 2017, le journal malien Le Pays, révélait également disposer de témoins affirmant que Birama Touré avait été détenu et séquestré à la sécurité d’Etat sur “ordre de Karim Keïta”. Le directeur de publication a par la suite été entendu par la justice sans que Karim Keïta ne soit inquiété.

La disparition du journaliste suscite toujours de vives émotions. Le 29 janvier, 2020, des confrères, des proches et des représentants d’ONG se sont réunis en signe de solidarité devant le siège du Sphinx pour manifester leur solidarité et dénoncer le silence des autorités concernant le dossier.

Le 4 juin, 2019, Karim Keïta avait déposé une plainte en diffamation contre Le Sphinx et Bamako FM pour avoir évoqué son éventuelle implication dans la disparition de Toure. Les deux organes des médias avaient également cité le colonel cheikh Oumar Ndiaye alors chef de la division des enquêtes de la sécurité d’Etat dans l’affaire. Selon les médias le colonel aurait été confié le devoir de faire taire le journaliste sur l’affaire de mœurs supposée.

Autre témoignage très inquiétant, celui de l’inspecteur de police Papa Mambi Keïta, ex-chef de la section cybercriminalité de la brigade d’investigations judiciaires. Radié du service pour avoir ordonné l’arrestation d’un des hommes de main de Karim Keïta il s’était refugié en Cote d’Ivoire. Dans une interview accordée au Sphinx depuis Abidjan en 2019, il aurait déclaré que « tous les indices prouvent que votre confrère et collègue Birama Touré ne vit plus. »

Aujourd’hui avec la chute du régime de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keita, la justice malienne a décidé d’émettre un mandat d’arrêt international contre le fils du Président déchu.

La MFWA déplore que le Mali reste un pays dangereux pour l’exercice du journalisme. Deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon y ont été assassinés en 2013. Le journaliste français Olivier Dubois y est otage d’un groupe armé depuis le 8 avril dernier.

Nous espèrons que la justice malienne va enfin oeuvrer à la manifestation de la vérité dans cette triste affaire.

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