Un journaliste passe plus de 100 jours en prison pour avoir publié un article sur le gouverneur

Olamilekan Hammed, un journaliste arrêté et détenu le 13 mai 2022 par le service de sécurité de l’État d’Ogun, au Nigeria, a maintenant passé plus de 100 jours en détention.

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a appris que Hammed est détenu au Maximum Correctional Centre d’Abeokuta, la capitale de l’État d’Ogun, alors qu’il s’efforce de respecter les conditions de sa libération sous caution.

Hammed, qui est l’éditeur du journal en ligne EaglesForeSight a été arrêté après avoir republié un article sur le « casier judiciaire présumé » du gouverneur de l’État d’Ogun, Dapo Abiodun.

L’article, qui avait été publié à l’origine par le journal en ligne privé Peoples Gazette, révélait qu’Abiodun aurait été arrêté pour fraude à la carte bancaire et falsification aux États-Unis en 1986.

Cette révélation a fait l’objet d’une pétition adressée à Abdullah Adamu, président du parti au pouvoir, le All Progressives Congress, visant à empêcher Abiodun de briguer un second mandat de gouverneur de l’État du Sud-Ouest en raison des accusations de fraude portées contre lui.

Mais, en réponse au rapport, Abiodun, par le biais de ses avocats du cabinet Afe Babalola and Co, a fait valoir que son arrestation probable n’était pas une condamnation, et qu’il n’avait donc pas à répondre des lois qui s’appliquent aux criminels.

Après avoir republié l’article, le Service de Sécurité de l’Etat a invité Hammed pour un interrogatoire le 13 mai. En arrivant dans leurs locaux, le journaliste a été placé en détention.

Bien que Hammed ait été contraint de supprimer l’article republié sur le site Web d’EaglesForeSight et de présenter des excuses publiques au gouverneur, le Service de Sécurité a par la suite assigné le journaliste devant la Haute Cour de l’État.

Dans sa décision de libération sous caution, il a été demandé à Hammed de fournir 3 millions de Naira (7 000 dollars américains) et deux garants, qui fourniront 1 million de Naira (2 400 dollars américains) chacun.

Le juge a décidé que l’un des garants doit être un haut fonctionnaire au niveau du gouvernement fédéral, étatique ou local dans la métropole d’Abeokuta et l’autre doit être propriétaire d’une entreprise établie à Abeokuta. Selon la décision, les deux garants doivent posséder des biens immobiliers dans la région.

Hammed n’a pas été en mesure de respecter les conditions de sa libération sous caution et se trouve dès lors en prison.

Kunle Somorin, attaché de presse du gouverneur, a publié une déclaration le 22 août, innocentant son patron de la détention du journaliste.

« Le gouverneur Abiodun tient les droits de l’homme et l’État de droit en haute estime et le gouverneur n’agirait à aucun moment au-dessus de la loi. L’affaire est déjà devant la justice et le gouverneur, qui croit fermement au concept de séparation des pouvoirs, n’entravera ni n’influencera jamais le processus judiciaire », a déclaré M. Somorin.

« C’est strictement une affaire entre l’accusé, les services de sécurité et le tribunal », a-t-il ajouté.

Mais, Festus Ogun, un avocat spécialisé en droits de l’homme et qui a déjà représenté Hammed, a demandé de ne pas accorder de crédit à la déclaration du gouverneur.

Festus a fourni un document montrant que l’arrestation de Hammed a bien été effectuée à la demande du gouverneur auprès des services secrets, [Les services sécurités n’ont pas encore répondu aux demandes d’information de la MFWA].

« Soit l’assistant du gouverneur a menti, soit il est complètement désinformé. La tyrannie expirera, dans la plénitude du temps », a écrit l’avocat sur Twitter.

La MFWA condamne le harcèlement injuste incessant, la torture et l’intimidation dont Hammed fait l’objet pour avoir simplement fait son travail de journaliste.

La fondation exhorte le gouverneur à user de son influence pour promouvoir la liberté de la presse et veiller à la libération immédiate du journaliste. Son maintien en détention est totalement illégal et constitue un abus de pouvoir flagrant. Les articles 34, 35 et 39 de la constitution nigériane sont claires à ce sujet.

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