Un journaliste malien menacé de mort après une publication critique sur le Groupe Wagner

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) condamne fermement les menaces de morts et les tentatives d’intimidations à l’encontre du journaliste Malick Konaté. Nous appelons les autorités maliennes à garantir la sécurité du journaliste.

Un tel appel est devenu indispensable au vu du déluge de menaces, d’insultes, d’intimidations et de harcèlement en ligne dont le journaliste a fait l’objet en raison d’une publication prétendument « antipatriotique ». Les menaces ont été proférées après que M. Konaté a collaboré avec la chaîne de télévision française BFM TV pour produire un reportage d’investigation sur la présence de la société militaire privée russe Wagner au Mali. Le reportage a été diffusé le 31 octobre 2022.

Le Collectif pour la défense des militaires (CDM), un groupe qui défend les autorités de transition et les Forces Armées Maliennes (FAMa) a sollicité les autorités judiciaires compétentes du Mali afin qu’elles ouvrent une enquête contre Malick Konaté, le directeur de la chaîne d’information en ligne Horon TV et reporter d’images pour des médias internationaux.

Dans un communiqué diffusé sur Facebook le 3 novembre 2022, le CDM accuse Konaté d’avoir participé de manière active et négative dans la réalisation d’une enquête diffamatoire contre les « FAMa et les Autorités de la Transition Panafricaine du Mali ». Le groupe renchérit en qualifiant la collaboration du journaliste de « comportement indigne, irresponsable d’un soi-disant Malien à la solde de la France, de l’impérialisme Colonial et du terrorisme international sponsorisé par la France ».

Depuis lors, des menaces contre Konaté ont été proférées par des anonymes sur les réseaux sociaux, par messagerie et par appels directs. Les commentaires virulents qualifiaient le journaliste de « traître », de « proie à abattre », et d’« ennemi numéro un du Mali ». Face à cette hostilité intense, Konaté a décidé de se réfugier.

« C’est vraiment dur, c’est très douloureux d’être traité de traitre et d’ennemi de ma nation. Les menaces continuent. Je préfère m’éloigner pour le moment pour éviter que les gens ne profitent de la situation pour m’attaquer », Malick a indiqué à la MFWA lors d’un entretien téléphonique.

Konaté a expliqué qu’il fait l’objet de ces critiques, car il a enregistré des séquences vidéo pour ledit reportage. Le journaliste précise que les personnes filmées avaient donné leur accord, connaissaient le sujet du reportage et qu’aucune prise n’a été manipulée.

Le 23 Novembre 2022, le journaliste a reçu un appel de la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ) du Mali, l’invitant à se présenter pour répondre aux accusations de « haute trahison » contre lui. Cependant, le journaliste étant actuellement hors du pays, il n’a pas pu honorer l’invitation.

Plusieurs syndicats de presse ont exprimé leur soutien au journaliste et ont condamné les menaces dont il est victime. Dans une déclaration sur sa page Facebook, La Maison de la Presse du Mali, le partenaire de la MFWA au Mali, a condamné les menaces et les agressions verbales dont fait l’objet Malick Konaté.

« Tout individu a droit à la présomption d’innocence. La Maison de la presse déplore les appels à atteinte à l’intégrité physique et les injures grossières dont il fait l’objet » renchérit l’organisation syndicale.

La MFWA est profondément préoccupée par les menaces de morts à l’encontre Malick Konaté et le rétrécissement continu de l’environnement de la liberté de la presse au Mali. Nous exhortons vivement le gouvernement du Mali à garantir la liberté de la presse et la liberté d’expression en général dans le pays, tout en décourageant tout acte susceptible de nuire aux voix critiques et dissidentes.

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