Les autorités ghanéennes continuent de harceler le journaliste Noah Dameh

Un rebondissement étrange s’est produit dans le procès en cours d’un journaliste ghanéen, Noah Narh Dameh, le lundi 3 juillet 2023, lorsque le tribunal dans lequel il comparait depuis Mars 2023 l’a accusé d’usurpation d’identité.

La juge qui préside le tribunal de première instance de Tema, Benedicta Antwi, a menacé de délivrer un mandat d’arrêt contre Dameh après ne pas l’avoir reconnu lorsqu’il a enlevé son cache-nez. Cette décision fait suite à l’affirmation du plaignant, Bernard Korley, selon laquelle quelqu’un d’autre, et non Noah Dameh, qui s’est présenté au tribunal portant un cache-nez, usurpait l’identité du journaliste. Pour des raisons inconnues, les greffiers et la police qui connaissaient le journaliste n’ont pas confirmé son identité au juge.

Dameh, encerclé par des policiers, se retrouve ainsi à devoir prouver son identité à la cour. Le journaliste a pu expliquer qu’il avait été placé en détention provisoire quelques semaines auparavant par la même juge dans le même tribunal, et a mentionné les noms de ses avocats et de la salle d’audience.

Il a fallu l’intervention d’un officier de la police judiciaire, l’inspecteur Derick Debrah, qui est arrivé quelques heures plus tard pour vérifier l’identité de Noah. Son intervention a incité le plaignant, qui avait accusé le journaliste d’usurpation d’identité, à reconnaître son authenticité. Dameh, qui est le coordinateur adjoint de la station Radio Ada, doit comparaître à nouveau devant le tribunal le 31 juillet 2023.

Contacté par la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA), Noah a fait part de son étonnement face aux allégations des plaignants, de la juge et des greffiers, qui ont affirmé qu’il n’était pas la personne qu’il prétendait être.

« J’ai été surpris. Je n’ai même pas été autorisé à m’exprimer ni à décliner mon identité. Qu’arriverait-il si l’enquêteur qui est venu plus tard prétendait lui aussi que je n’étais pas Noah Dameh ? », s’est-il interrogé.

Le journaliste s’attendait à ce que le juge demande des éléments de preuve pour confirmer son identité. Malheureusement, il n’a pas eu l’opportunité de s’exprimer ou de présenter sa pièce d’identité.

Cet incident fait suite à une précédente mise en détention provisoire du journaliste pour publication de fausses informations en mars 2023 par le tribunal de Tema. Les chefs d’accusation proviennent d’une plainte pour diffamation déposée par ElectroChem Ghana Limited (EGL), une société d’extraction de sel basée à Ada. La plainte a fait suite à une publication sur Facebook dans laquelle le journaliste alléguait des abus commis par des officier de police à l’encontre d’un certain Benjamin Anim sur instigation présumée du propriétaire d’EGL, Daniel Mckorley.

Bien que l’affaire ait été classée en décembre 2022, Dameh a été de nouveau arrêté pour publication de fausses informations et a été placé en détention provisoire le 30 mars 2023. Le 5 avril 2023, la Media Foundation for West Africa (MFWA) a demandé l’intervention du procureur général du Ghana pour mettre fin aux poursuites contre le journaliste.

La MFWA réitère son appel aux autorités de mettre fin à la persécution de Noah Dameh pour avoir dénoncé les violations des droits de l’homme. Nous continuons à suivre la situation de près, afin de souligner le besoin d’équité.

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