La MFWA salue la libération de voix dissidentes au Sénégal et demande la liberté pour les personnes encore détenues

Un tribunal de la capitale sénégalaise, Dakar, a accordé la liberté provisoire au journaliste Pape Alé Niang le 8 août 2023. Niang, directeur du site d’information privé Dakar Matin, avait été libéré après que son état de santé se soit détérioré à la suite d’une grève de la faim de dix jours.

La libération de Niang a été largement saluée au Sénégal. Il a été arrêté pour la troisième fois le 29 juillet 2023 et détenu pour appel à l’insurrection et participation à des actes ou manœuvres susceptibles de compromettre la sécurité publique. Son avocat, Moussa Sarr, a indiqué que son client avait été arrêté à la suite d’un live Facebook qu’il avait posté après l’arrestation du chef de l’opposition Ousmane Sonko.

Un autre journaliste, Abdou Khadre Sakho, du site d’information Senego, a été libéré le 16 août 2023, après avoir bénéficié d’un « non-lieu ». Le calvaire de M. Sakho a commencé le 14 août 2023, lorsqu’il a été arrêté pour diffusion de fausses nouvelles et pour actes et manœuvres de nature à jeter le discrédit sur les institutions.

Les chefs d’accusation étaient liés à un article qu’il avait rédigé et publié sur Senego au sujet de « négociations souterraines » concernant la libération de l’opposant Ousmane Sonko.

Lors d’un incident isolé survenu le 29 mai 2023, Aliou Sané, le coordinateur du mouvement populaire-citoyen « Y’en A Marre » qui milite pour une bonne gouvernance au Sénégal, a été arrêté alors rendait visite à Ousmane Sonko, qui était assigné à résidence. Sané a été accusé de participation à une manifestation non déclarée, de trouble à l’ordre public, d’entrave volontaire à la libre circulation, et de violences et voies de fait commises sur les forces de l’ordre. L’activiste est également vice-coordinateur des « Forces vives 24 (F24) », une coalition mobilisée contre une éventuelle candidature de Macky Sall à un troisième mandat.

Y’en A Marre a condamné l’arrestation de son coordinateur, en insistant qu’il n’a pas commis de violence envers les forces de l’ordre, mais a plutôt été victime d’une brutale agression de leur part. Aliou Sané a bénéficié d’une liberté provisoire le 2 juin 2023.

Tout en se réjouissant de la libération de ces deux journalistes et de l’activiste, la MFWA reste préoccupée par la situation des nombreuses autres voix critiques qui ont été réduites au silence derrière les barreaux. L’une d’entre elles est la journaliste Ndèye Maty Niang, alias Maty Sarr Niang, qui a passé plus de deux mois en détention, accusée notamment d’incitation à l’insurrection, à la violence, à la haine, à des actes susceptibles de compromettre la sécurité publique, d’outrage à magistrat et d’usurpation d’identité journalistique.

Ndèye Maty Niang, non apparentée à Pape Alé Niang, a quant à elle été arrêtée le 16 mai 2023 à son domicile par des agents de la Sûreté urbaine. Son arrestation était due à ses reportages sur le site web privé Kéwoulo ainsi qu’à ses critiques des autorités sénégalaises sur Facebook.

La Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) se réjouit du rejet de l’affaire Sakho et de la libération provisoire de Pape Alé Niang et d’Aliou Sané. Nous dénonçons fermement l’arrestation et la détention arbitraires de Maty Sarr Niang, et appelons les autorités judiciaires à la libérer sans condition et à abandonner toutes les charges contre les autres citoyens détenus pour avoir exprimé des opinions dissidentes.

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