Gambie : Des gardes du parti au pouvoir toujours en liberté plusieurs mois après avoir agressé des journalistes

Près de trois mois après l’agression des journalistes Malick D. Cham, Sanneh Samba et Pa Ousman Joof par des gardes du corps du National People’s Party (NPP, parti au pouvoir), les autorités gambiennes n’ont toujours pas pris les mesures nécessaires pour punir les agresseurs.

Les trois journalistes couvraient la prestation de serment du maire et des conseillers municipaux dans la capitale, Banjul, lorsqu’ils ont été attaqués le 31 mai 2023.

Les premières victimes furent le présentateur Malick Cham et son cadreur Sanneh Samba, qui travaillent tous deux pour le média en ligne Jamano. Cham et Samba quittaient la cérémonie de prestation de serment lorsqu’ils ont aperçu un politicien du NPP se disputer avec un individu. Samba a commencé à filmer la scène lorsqu’un des gardes du politicien a soudainement fait tomber sa caméra, l’endommageant.

Lorsque Samba a tenté d’expliquer aux agents de sécurité qu’ils ne faisaient que leur travail et qu’il fallait les laisser continuer, il a été frappé à la taille avec une matraque électrique. Un autre garde a frappé Cham au visage, le faisant saigner de la bouche. Un troisième garde a ensuite aspergé Cham d’eau tandis qu’un quatrième l’a frappé au nez à l’aide d’une matraque électrique.

Cham a été poursuivi par les gardes après avoir tenté de s’enfuir et n’a pu s’échapper qu’après l’intervention de quelques passants.

Pa Ousman Joof, fondateur et coordinateur de Gambia Talents TV, a été témoin de l’attaque et a également été agressé lorsqu’il a tenté de filmer l’incident. Les gardes l’ont retenu jusqu’à l’intervention de la police.

Cham a par la suite rapporté l’incident du 31 mai 2023 à la police locale et a reçu un traitement dans un hôpital local.

Suite à cet incident, Gambia Talents TV et Jamano ont rejeté les excuses présentées au nom du NPP par Seedy Njie, porte-parole adjoint du parti. Les journalistes ont estimé que les excuses du NPP n’étaient pas sincères car elles ne citaient pas leurs noms. Bien que le NPP ait déclaré avoir l’intention d’engager le dialogue avec les journalistes et le GPU pour résoudre le problème, les victimes affirment que cette promesse n’a pas été suivie d’effet.

« Cela fait presque trois mois et jusqu’à présent, nous n’avons rien. Bien que nous ayons signalé l’incident au quartier général de la police à Banjul, l’affaire a été renvoyée à un plus petit poste de police qui dit également que l’affaire est au-dessus de ses compétences. Depuis 2016, je n’ai pas souvenir qu’un seul cas d’agression contre des journalistes ait été résolu, et depuis l’agression, je suis très prudent dans mes déplacements ». Cham a confié à la MFWA lors d’un entretien.

La Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a observé que la plupart des attaques contre les journalistes perpétrées par les partis politiques et les forces de police en Gambie finissent par ne pas faire l’objet d’une enquête et qu’aucune responsabilité n’est établie pour ces crimes. Il n’y a aucun doute quant à l’identité des auteurs de l’agression susmentionnée. Par conséquent, rien d’autre que la culture de l’indifférence à l’égard des actes de violence à l’encontre des journalistes ne peut expliquer cette absence de responsabilité plus de deux mois après l’incident. Nous demandons donc aux autorités de mettre fin à cette culture de l’impunité en condamnant l’agression et en traduisant les auteurs en justice.

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