Au Nigéria ; Répression sans Relâche des Forces de Sécurité, En Guinée ; Résistance des Médias à l’Oppression

Une série de répression de la liberté de la presse et de la liberté de manifestations au Nigeria ont été les incidents de violations de la liberté de la presse qui ont marqué le mois d’août 2019, tandis que les médias guinéens ont pris des mesures fermes pour dénoncer le harcèlement des acteurs étatiques.

Le 3 août 2019, la police nigériane a arrêté le promoteur du journal en ligne Sahara Reporters, Omoyele Sorowe.  Critique virulente du gouvernement Buhari, Sorowe a appelé les Nigérians à manifester contre la supposée mauvaise gouvernance et la corruption dans le pays sous l’égide d’un mouvement qu’il avait lancé et baptisé Revolution Now.  Il a été cependant arrêté à son hôtel à Lagos par des agents du Département des Services d’État (DSS).

Le 5 août, Ibrahim Dan Halilu, spécialiste en communication, a également été arrêté par les agents de la DSS qui ont perquisitionné sa maison à Rigachikun, dans l’État de Kaduna, et l’ont emmené vers 14 heures, heure locale. Halilu a été accusé d’avoir soutenu Sowore dans un message sur Facebook où il aurait exprimé sa solidarité aux journalistes et à l’activiste.

Le même 5 août, la police a brutalisé des manifestants de Revolution Now et arrêté au moins huit d’entre eux. Victor Ogungbero, un cameraman travaillant avec Sahara Reporters, qui couvrait la manifestation, a été malmené et placé en détention à  la policière judiciaire, à Panti, Yaba,dans l’ État de Lagos.

Le 19 août, les forces de sécurité ont pris d’assaut les points stratégiques et ont empêché le rassemblement des manifestants anti-corruption et mauvaise gouvernance. Les agents de sécurité ont repoussé les manifestants potentiels et en ont arrêté plusieurs à leur arrivée à Lagos Centre, Ikeja, Lagos en réponse à l’appel du mouvement de la société civile, la Coalition pour la Révolution (CORE).

Un reporter de la BBC, Andrew Gift, a également été arrêté par la police alors qu’il couvrait l’affrontement entre les agents de sécurité et les membres du CORE. Gift a été détenu dans un fourgon de police et forcé de supprimer les photos et les vidéos qu’il avait prises des événements de ce matin-là.

Tandis que ces violations du droit de manifestation pacifique se poursuivaient au Nigéria, un incident similaire a été enregistré en Côte d’Ivoire. Le 5 août, les autorités de Sanguoine, une ville située à l’ouest du pays, ont refusé aux partisans du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), parti d’opposition, le droit de réunion pacifique. Le maire a refusé d’accuser réception d’une lettre de notification du PDCI concernant la tenue d’une assemblée publique pour installer officiellement le nouveau président du parti pour cette localité.

Il y a eu une violation similaire des droits de la Liberté de Manifestation au Ghana lorsque les forces de sécurité à Navrongo, capitale du district de Kassena Nankana, ont attaqué des manifestants antigouvernementaux et détruit leurs pancartes. L’incident s’est produit le 14 août 2019, lorsque des manifestants se sont rassemblés au bord de la route pour exprimer leurs doléances au président Akufo-Addo qui était arrivé dans le district en visite officielle.

De retour au Nigeria, la police a arrêté un journaliste à Lagos après la publication d’un article dans lequel il demandait des comptes rendus sur les fonds alloués à un projet bancaire.  Agba Jalingo, rédacteur de Cross River Watch, un journal en ligne basé à Calabar, la capitale de l’Etat de Cross River, a été arrêté par la police dans sa résidence à Lagos le 22 août 2019.

En Guinée, un présentateur d’une station de radio privée à Conakry et le propriétaire de la station font face à des poursuites judiciaires après que la station ait accueilli une critique avérée du gouvernement lors d’une interview téléphonique à la radio. Aboubacar Algassimou Diallo, animateur de l’émission l’Oeil de Lynx sur Lynx FM et Diallo Souleymane, propriétaire de ladite station, ont été convoqués par la police judiciaire le 19 août 2019. Les deux ont été placés sous contrôle judiciaire.

Le 12 août 2019, un tribunal de première instance de Cotonou a condamné un journaliste à un mois de prison avec sursis et d’une amende de 550 000 francs CFA (environ 850 dollars US) après l’avoir condamné pour « publication de fausses informations sur internet. » Le journaliste, Ignace Sossou de Web Benin TV, un média en ligne, avait publié deux articles d’investigation dans lesquels il faisait des allégations sur des évasions fiscales par Jean Luc Tchifteyan, homme d’affaires de nationalité française et propriétaire du groupe Tchifteyan basé à Cotonou.

Par ailleurs, le 15 août, la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a organisé à Abuja, en collaboration avec le Nigeria Union Journalists (NUJ), un Forum pour l’adoption d’un cadre sur les relations entre les médias et la police et la sécurité des journalistes. Le Cadre vise à assurer la réglementation entre les agences de sécurité et les médias. Il a été élaboré dans le cadre des recommandations formulées lors d’un Forum Police-Médias pour assurer des relations pacifiques entre la police et les médias lors des élections de février 2019 au Nigeria.

Le 29 août 2019, des stations de radio privées en Guinée ont animé une émission synchronisée de deux heures pour dénoncer les intimidations et abus récents de journalistes par la police et la justice. Les directeurs des médias, les journalistes et un avocat ont formé le panel pour le programme qui a été diffusé en direct par toutes les stations de radios privées et les sites web d’information à travers le pays, avec de nombreux tweets de professionnels des médias et de militants de la liberté de la presse en Guinée.

L’émission de protestation était la deuxième manifestation de colère contre les récents actes d’intimidation à l’encontre des médias dans le pays. Le 26 août 2019, des professionnels des médias des médias privés avaient organisé ont envahi les locaux de la Haute Autorité de la Communication (HAC), où ils ont tenu un sit-in pour exprimer leur colère devant la vague d’arrestations, de détentions et de convocations intimidantes de journalistes.

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