La presse guinéenne bénéficie d’un soutien logistique massif, alors que les violations de la liberté de la presse se perpétuent

En 2022, le paysage médiatique de la Guinée a connu d’importants investissements qui ont contribué au développement des médias dans le pays. Au titre des bonnes nouvelles enregistrées par les médias figurent la hausse de la subvention annuelle accordée par le gouvernement à la presse guinéenne. La manne financière passe de trois à six milliards de francs guinéens. 

Le gouvernement (la junte militaire au pouvoir depuis le 5 septembre 2021) a également octroyé une nouvelle maison de la presse aux journalistes. Il s’agit d’une très belle villa retirée à un ancien dignitaire poursuivi pour détournement de deniers publics. 

La même junte a aussi doté les journalistes évoluant dans certaines villes de province de Maisons de presse régionale.

Malheureusement, les investissements remarquables réalisés dans le secteur des médias n’ont pas contribué ou entrainer l’amélioration de l’état de la sécurité des journalistes dans le pays. Bien qu’aucun journaliste n’ait fait l’objet de poursuite judiciaire au cours de l’année, les attaques en séries contre les journalistes ont été enregistrées à travers le pays.

En 12 mois, Le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée a répertorié 25 attaques perpétrées contre des journalistes dans l’exercice de leur profession. Conakry, la capitale, est le théâtre de 20 de ces violences contre les journalistes, alors que les cinq attaques restantes ont eu lieu dans les villes de Kankan, la première capitale régionale située à environ 600 km de Conakry, Kindia et Boké, deux des plus grandes villes de Guinée.

Les hostilités ont débuté à Kindia en mai 2022, ce jour le journaliste Mohamed M’Bemba Condé a été pris à partie et agressé par des gendarmes alors qu’il assurait la couverture médiatique d’une casse de maisons supposées appartenir à l’État.

Au cours du même mois, à Kankan, deux journalistes ont été agressés par des agents des forces de maintien de l’ordre. Ces deux journalistes, notamment Cheick Sekou Berthe et Ahmed Sekou Nabé, ont été agressés pendant qu’ils couvraient une opération casses de maisons supposées être bâties sur des parcelles appartenant à l’État. 

En juin 2022, un préfet a séquestré Mamadou Sagnane, journaliste et correspondant du site d’information général Mosaique.com.

Toujours au cours du mois de juin, en pleine émission, un politicien, Aboubacar Soumah, s’est jeté sur un journaliste, Ahmed Camara, dans le studio de la station Espace FM. L’acte d’agression a perturbé l’émission à grand audimat « Les Grandes Gueules ». La station de radio a par la suite trimballé le politicien en justice.

Entre autres Les incidents susmentionnés ne sont que quelques-unes des 25 attaques enregistrées dans le rapport national 2022 du Syndicat des professionnels des médias de Guinée. Malheureusement, la quasi-totalité des auteurs de ces actes illégaux étaient des agents de l’État. Les autres étaient des manifestants et l’organe de régulation des médias. Sans surprise, aucun d’entre eux n’a été poursuivi pour les crimes commis contre les victimes.

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) félicite le SPPG pour le rapport. Nous félicitons également le gouvernement guinéen pour les investissements réalisés dans l’industrie des médias. Toutefois, nous exhortons le gouvernement à se pencher de toute urgence sur les violations commises à l’encontre des journalistes ainsi que des médias et à en traduire les auteurs en justice.

La MFWA se joint au SPPG en appelant le gouvernement à améliorer les relations entre les forces de sécurité de l’État, les journalistes et la population civile dans son ensemble. En outre, nous souscrivons à l’appel lancé à la Haute Autorité de la Communication (HAC), au pouvoir judiciaire, aux autorités militaires, aux institutions internationales et aux missions diplomatiques en Guinée pour œuvrer à la consolidation de la liberté de la presse.

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