Un Dossier sur la Liberté d’Expression pour le Nouveau Leader du Benin

Le 20 Mars 2016, le peuple Béninois a élu un homme d’affaires ; M. Patrice Talon, comme le nouveau leader du pays après le vote du second tour. Conformément aux parcours démocratiques du pays en matière d’élections, le président sortant Yayi Boni, a respecté la Constitution au terme de deux mandats et lorsque son parti au pouvoir a perdu l’élection, son candidat, le Premier Ministre Lionel Zinsou, a  cordialement accepté sa défaite.

Comme une  indication de sa disponibilité  à faire avancer le progrès, le Président Talon, avant même sa prestation de serment, a fait savoir que l’un de ses priorités sera les reformes constitutionnelles qui apporteront davantage de libertés économiques et politiques aux gens. Donc ce serait le moment indiqué pour lui présenter l’un  des chantiers sur lequel il aura à focaliser son attention – amélioration et protection du droit des citoyens à s’exprimer librement. La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest(MFWA) met à cet effet  en lumière les incidents de violations de la liberté d’expression dans le pays au cours de la dernière année et qui mérite l’attention du Président Talon.

De Janvier 2015 à Mars 2016, le Benin a connu 11 cas de violations de liberté d’expression qui ont été reportés. Ceci inclut des violations des droits à la liberté de rassemblement, des attaques sur les journalistes et tentatives d’atteinte à la vie des personnes pour avoir exprimé leurs opinions.

Avant l’élection présidentielle du 6 Mars 2016, quatre(4) incidents de violations ont eu lieu. Le Ministre des Affaires Étrangères a demandé à la police de chasser une équipe de journaliste qui  lui demandait  une interview. Durant la même période, un religieux a été menacé pour avoir soutenu le candidat à la présidentielle, Patrice Talon.  Deux manifestations de l’opposition ont été interdites.

En 2015, le pays a connu sept(7) incidents de violations. Au nombre de ces violations, il y a la suspension d’un journal par l’organe régulateur ; la Haute Autorité de l’Audiovisuel et la Communication(HAAC). La suspension du journal fait suite à un article qu’il a publié critiquant le président sortant Yayi Boni et un député. La HAAC avait jugé l’article comme ‘’abusive’’. Dans un autre incident, un contremaitre d’une société de construction a  physiquement attaqué une équipe de télévision dans l’exercice de leurs fonctions.

Dans deux autres cas, la police a attaqué et tiré des gaz lacrymogènes sur des manifestants. Plus tard les manifestants sont allés à une télévision pour raconter leur épreuve, mais ils ont été arrêtés par la police. Avant cet incident, une officière de l’armée a intimidé et menacé un journaliste à propos d’un article publié sur elle.

Dans un autre incident, trois journalistes  Ozias Sounouvon, Prevert Noutehou et Renaud Acakpo, du média d’Etat ; Office de la Radiodiffusion et Télévision du Benin (ORTB) ont été interdits de présentation de journal après que Sounouvou ait critiqué le Président Yayi pour sa participation à une manifestation de la liberté de la presse en France tandis qu’il a, selon le journaliste, échoué à promouvoir la liberté d’expression au Benin. Avant l’interdiction, Sounouvou  a reçu plusieurs appels téléphoniques menaçants anonymes.

Ce qui est dommage c’est le fait que la majorité de ces violations sont perpétrées par  des acteurs d’Etat dont la police et les fonctionnaires d’Etat sont les plus coupables.

La MFWA par conséquent, demande au Président Patrice Talon de prioriser l’amélioration de la situation de la liberté d’expression dans le pays pour aider à la consolidation des acquis démocratiques en veillant à ce que des lois d’accès à l’information et de la dépénalisation des délits de la presse soient votées, tout en adoptant une attitude  de tolérance zéro  à l’égard des actes d’impunité contre les journalistes.

La MFWA profite de cette opportunité pour féliciter le Président Talon pour sa victoire et pour lui assurer ainsi qu’au peuple du Benin de l’engagement de l’organisation à soutenir le développement des médias et leur professionnalisme dans le pays en collaboration avec notre partenaire ; l’Observatoire de la Déontologie et de l’Ethique dans les Médias(ODEM), pour soutenir la promotion du journalisme responsable.

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