Niger : 16 Incidents de Liberté d’Expression en 2015, Exhortation du Président à Améliorer la Situation

En Mars 2016, le Conseil des Ministres au Niger a adopté un projet de décret soumis par le Ministre de la Communication ; Yahouza Sadissou, instituant le 30 Novembre comme Journée Nationale de la Presse au Niger.

En Novembre 2011, le Président Issoufou Mahamadou était le premier chef d’Etat africain à avoir approuvé la Déclaration de Table Mountain.

Le 18 Janvier 2016, le Niger était soumis à son deuxième Examen  Périodique Universel (EPU) du Conseil des Nations Unies des Droits de l’Homme. Le Niger a  souscrit  et a accepté les recommandations pour améliorer la jouissance des droits de la liberté  d’expression et mettre fin aux impunités pour les crimes commis par des acteurs étatiques sur les journalistes.

President Mahamadou Issoufou
President Mahamadou Issoufou

Suite à l’investiture du Président Issoufou Mahamadou et la prise de fonction des membres de son gouvernement. C’est l’occasion idéale d’attirer l’attention du Président Mahamadou Issoufou sur certains enjeux pressants de la liberté d’expression au Niger. Durant son premier mandat, le paysage de la presse au Niger a connu des incidents de violations des droits de l’homme avec le record le plus élevé en 2015 sur les questions de droit de l’homme ,et notamment sur  la liberté d’expression, la protection des journalistes et l’impunité pour les crimes commis sur les journalistes.

Un an avant les élections présidentielles, le Niger a enregistré au moins  16 cas reportés de violations des droits à la liberté d’expression, et à la liberté de rassemblement. La police et les forces de  sécurité sont les auteurs majoritaires de ces violations. Ces violations qu’a connues le Niger classe le pays en deuxième position après le Nigeria (34 cas de violations des libertés d’expression) dans le Rapport Annuel de la MFWA de 2015. L’année 2015 a été la période de préparations des consultations des élections présidentielles. Loin d’être l’année de témoignage de l’enracinement de la démocratie nigérienne et de la liberté de la presse, de la liberté d’expression, elle s’est révélée comme une année de régression des acquis des luttes pour la liberté d’expression, avec un  enregistrement d’au moins 16 cas de violations rapportées sur les droits de l’homme en général, et en particulier les violations liées à la liberté d’expression, la liberté de la presse et de manifestations.

Le 17 Janvier, les locaux du groupe de média Tenere ont été pris d’assaut par la police, et la transmission de la radio a été suspendue pendant 15 minutes ; suivie  d’attaque et d’intimidation de la part de la police – Le même jour la police use de force contre une équipe de reporter de Tenere et du groupe de média Labari .

Le 18 Janvier, la police et les forces de sécurité menacent verbalement, physiquement  et usent de matraques et de gaz lacrymogènes sur les journalistes de Canal 3, Niger 24, Liptako, Africable, Radio RM, et Sarraounia – Le même jour, près de dix policiers ont attaqué physiquement les journalistes du groupe de média Bonferey en usant de matraques et de gaz lacrymogènes également. En la même date du 18janvier, Moussa Tchangari, éditeur directeur du bimensuel Alternative et Secrétaire Général de l’Organisation de l’Association Alternative Espace Citoyen, a été en détention pour sa présumé implication criminelle avec Boko Haram.

Le 21 Janvier, le magistrat de la Cour de Niamey a ordonné aux journalistes Issoufou Oumarou Azouma, Souleymane Salha du journal Le Courrier, le payement d’une somme de 10.5 million FCFA  (US$18500) au Ministre Ali Mariama El Ibrahim pour diffamation.

Le 25 janvier, trois dirigeants de l’opposition et un activiste de média social ; Ibrahim Bana sont placés en détention policière suite à la demande d’un magistrat concernant les manifestations contre les dessins animés du Prophète Mohammed dans le journal satirique français ; charlie Hebdo.

 Le 31 Mars, Oumarou Aliou Modibo, directeur de publication de l’hebdomadaire satirique Canard Dechainé, a été arrêté et interrogé par le procureur pour des accusations en diffamation contre un ancien ministre de la justice.

Le 21 Mai, un journaliste du bureau de l’Office de publication et des Editions Nationales de la Presse, a été la cible de fouets par un membre de la garde présidentielle pour des raisons inconnues.

Le 24Mai, l’activiste de la société civile Arzika a été en détention au Département des Investigations Criminelles pour avoir prétendument enfreint la sécurité nationale.

Le 19 Octobre cinq journalistes ont été arrêtés lors de la couverture d’une manifestation d’étudiants.

Le 04 Novembre, deux journalistes, ont été interpellés. Il s’agit de Roufai Dan Doua et Zabeiron Souley respectivement des hebdomadaires « 90 Minutes » et « Le Nouveau » suite à une plainte déposée par le président de la Fédération Nigérienne de Football.

Le 14 Novembre, la police a arrêté quatre journalistes ; Alou Aboubacar, Abdoulaye Souley  de TV Bonfrey et Sidiku Haruna, Luc Ogoa de TV Niger 24 dans le filmage des sympathisants d’Hama Amadou et pour les empêcher de couvrir le retour de l’opposant Hama Amadou.

Le 23 Novembre, le rédacteur du journal hebdomadaire le Courier, Souley Sahla a été placé en détention provisoire pour avoir publié un article critiquant le directeur adjoint de la police en lien avec l’arrestation de l’opposant Hama Amadou.

Il y eut également deux semaines de  coupure d’accès à Facebook pour prétendument répondre à la montée des tensions politiques et des langages intempérés.

Etant donné que le Président Issoufou Mahamadou vient d’entamer son second mandat comme chef d’Etat du Niger, la MFWA en partenariat avec l’ONIMED : Observatoire Nigérien Indépendant des Médias   au Niger veulent saisir  cette occasion, pour féliciter le Président Issoufou Mahamadou pour sa réélection. C’est aussi l’occasion d’attirer son attention sur l’environnement de la liberté de la presse au Niger comme en témoignent les évidences ci-dessus peu enviable et d’interpeller le Président pour une réparation diligente. Aussi, voudrions-nous rappeler au Président les recommandations formulées par le Conseil des Nations  Unies sur les Droits de l’Homme; recommandations auxquelles son précédent gouvernement a souscrites et  acceptées. La MFWA en partenariat avec l’ONIMED ; Observatoire Nigérien Indépendant des Médias  exhortent une fois encore le Président Issoufou Mahamadou à honorer  les engagements pris par le Niger et par lui-même à travers la signature des conventions régionales et internationales sur la protection des droits de l’homme et en particulier la promotion de la liberté d’expression, la liberté de la presse et en renforçant les institutions des droits de l’homme dans le pays.

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